Se remettre en question et savoir s’ADAPTER

Que vous appreniez ou que vous enseigniez la musique (ou tout autre domaine d’ailleurs), sachez vous remettre en question et vous adapter pour progresser. Je vous explique tout ici :

L’une des erreurs les plus courantes lorsque l’on enseigne la musique,

Ou lorsque l’on veut simplement donner des conseils sur des techniques théoriques ou instrumentales,

C’est de faire en sorte que la personne comprenne les choses comme si elle n’en avait jamais entendu parler,

Ce qui est très souvent le cas !

L’un des aspects pédagogiques les plus difficiles à maîtriser est de se mettre à la place de l’élève,

Et de prendre conscience que les choses ont souvent parfois de temps pour être apprises et assimilées,

En vous souvenant au passage que, vous aussi, vous avez dû passer par là à un moment donné…

Si je vous dis ça, c’est parce que je tiens à vous annoncer que j’ai fait cette erreur, au début, pour une simple raison :

Je ne voulais pas ennuyer trop longtemps mes élèves en prenant du temps à leur expliquer correctement les choses,

Et je me disais qu’avec un peu de travail à la maison, ils y arriveraient d’ici la semaine suivante.

Il faut dire que j’ai eu beaucoup de chance.

Parce que oui, à cette époque-là, certains maîtrisant la pédagogie aussi bien que moi,

Ils ne voyaient pas que je commettais une grossière erreur.

Ils étaient bons et travaillaient régulièrement (et c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui !),

Si bien qu’ils ont réussi à réaliser exactement ce que je leur demandais,

Même si j’avais été un peu fugitif dans mes explications…

Je pourrais donc leur dire merci d’avoir rattrapé ma bavure et de s’en être sortis comme des chefs,

Mais au final, comme je voyais que mes techniques marchaient, j’ai continué dans cette voie.

Jusqu’au jour où je suis tombé sur un élève qui, même après quelques cours, ne parvenait pas à comprendre comment exécuter une position barré sur sa guitare.

Et c’est vrai, je lui avais simplement dit où positionner ses doigts pour faire sonner son arpège, et lui disait de s’entraîner, que ça « allait rentrer ».

Pour être précis, c’était l’accord de Fa Majeur du couplet de Californication des Red Hot Chili Peppers pour que vous visualisiez la difficulté qui l’attendait.

Mais malheureusement, je ne savais pas vraiment quoi faire pour essayer de lui faire travailler cet accord…

Jusqu’au jour où j’ai repensé à quelque chose.

Une chose qui me permettrait de comprendre les difficultés de mes élèves, de me mettre à leur place,

Et d’essayer de trouver une solution à leurs problèmes.

Pour le piano, c’est assez compliqué à faire. Mais pour la guitare, il m’a suffit simplement de la prendre… à l’envers !

Non, pas les cordes sur mes genoux…

Simplement le manche de l’autre côté, comme si j’étais gaucher.

Et là, j’ai compris ma douleur.

J’avais beau connaître toutes mes positions d’accords,

L’emplacement de mes doigts en fonction des cases,

Je ne parvenais même pas à monter une simple gamme de Do Majeur,

Les doigts de mes 2 mains ne voulaient tout simplement pas se coordonner ensemble !

Et je ne vous parle même pas du barré… Quelle catastrophe.

Alors oui, attention, si je prends ma guitare de droitier en gaucher sans changer les cordes,

Il est vrai que, bien qu’avec les mêmes capacités que je pourrais avoir en tant que droitier,

Placer mes doigts en position d’un accord Sol Majeur ne me donnerait auditivement PAS un Sol Majeur.

Tout ce dont je parle ici, c’est de la position des doigts, et non du rendu sonore qui nécessiterait une VRAIE guitare de gaucher, on se comprend bien.

Et là, j’ai compris.

J’ai compris que c’était cette frustration-là que ressentaient mes élèves lorsque je leur demandais de jouer quelque chose de nouveau,

Et que c’était un peu plus technique, d’un seul coup.

Comme je vous disais donc, c’est plutôt compliqué de comprendre ça pour le piano, étant donné qu’on est « ambidextre »,

Utilisant autant la main droite que la main gauche.

Mais pour tous les instruments dont les mains doivent jouer 2 rôles différents (guitare, violon, etc.),

C’est intéressant de voir à quel point on a l’impression d’apprendre un tout nouvel instrument,

Simplement en le prenant dans sa version gaucher (ou droitier si on est gaucher).

Depuis, dès que je voyais l’un de mes élèves avoir du mal sur une technique en particulier,

Mon réflexe était de prendre ma guitare à l’envers (pas forcément devant lui),

Et d’essayer de comprendre ce qu’il pouvait y avoir de compliqué et ce qui pouvait le bloquer.

Et en mettant le doigt dessus (sans mauvais jeu de mot), j’arrivais beaucoup mieux à trouver des exercices auxiliaires qui pourraient le faire progresser par étapes.

Aujourd’hui, après plusieurs années de pratique, je n’ai plus besoin de procéder de la sorte en faisant des pirouettes avec ma guitare,

Ma remise en question vis-à-vis de la pédagogie que j’emploie étant systématique et continuelle.

Avant même d’expliquer quoi que ce soit, je vérifie que ce que je vais expliquer sera le plus simple possible.

Et, si l’élève ne comprend pas ou éprouve des difficultés, je modifie directement mon approche et lui propose des exercices alternatifs,

Qui vont lui permettre d’y parvenir progressivement. Et ça fonctionne.

Le fait d’y arriver actuellement « d’instinct », sans avoir à passer par la case « inversion d’instrument »,

Ça m’a permis d’étendre cette capacité également pour le piano,

Ainsi que pour les explications théoriques pendant les cours de solfège.

Bref, sur ce coup-là, si je n’avais pas eu la guitare pour me remettre sur le droit chemin,

Je peux dire que j’aurai « frisé » la catastrophe… (Cette fois, le mauvais jeu de mot était bien voulu, honte à moi.)

Ce qu’il faut que vous reteniez de cette histoire,

C’est que, si vous enseignez la musique (ou n’importe quel autre domaine d’ailleurs),

Remettez sans cesse en question la pédagogie que vous employez, qui peut d’ailleurs être différente à employer d’un élève à un autre.

Il vaut mieux que ce que vous expliquiez soit trop simple, « longué » mais acquis,

Plutôt que ce soit express, expliqué en coup de vent et hasardeux.

Après tout, si votre moniteur d’auto-école vous avait juste expliqué le fonctionnement des pédales à la va-vite,

Et que vous aviez dû passer votre permis sans être confronté à des tas de situations réelles différentes,

Vous n’auriez jamais décroché le précieux sésame qui vous permet aujourd’hui d’arpenter les routes comme vous le voulez.

En musique, c’est pareil.

Si vous êtes fébrile sur la technique des barrés (par exemple), 

Vous ne serez pas capable de jouer correctement tous les accords que vous voudrez.

Alors, en tant qu’élève, prenez le temps d’apprendre, de répéter et de mémoriser ce que vous travaillez.

Et si vous enseignez, prenez conscience que tout peut être aussi compliqué que de passer des rapports de vitesse si l’on n’a jamais été assis derrière un volant de sa vie.

Un conseil qui vous permettra de ne pas finir au fossé. ?

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