Interview d’Expert : Didier Besse, Professeur De Guitare & Guitariste

Découvrez l’interview de Didier Besse, professeur de guitare et guitariste professionnel qui nous dévoile ses conseils pour mieux aborder la guitare. ?

Par :

Guitare

Bonjour à tous !

Aujourd’hui, je vous présente une vidéo un peu différente de celles que je réalise d’ordinaire. En effet, j’ai rencontré, en ce dimanche 13 Octobre 2019, Didier Besse, un professeur de guitare très réputé sur Montluçon, sur ses alentours et même bien au-delà de l’Auvergne !

Sans plus tarder, je vous propose de découvrir son parcours, son expérience et les trucs & astuces qui peuvent aider débutants comme ceux désirant se perfectionner en guitare, et plus particulièrement pour improviser.

Bon visionnage ! ?

Antoine : Bonjour à tous, alors aujourd’hui je rencontre Didier Besse de l’école de musique « Guitartitude » donc sur Montluçon pour ma première vidéo d’expert. Voilà, c’est un honneur parce que Didier est toujours pris à droit à gauche En fait, la course fait partie de ta vie, c’est ce que tu me disais ce matin

Didier : Toujours… On est un dimanche et on est là !

Antoine : Et on est là, voilà

Donc, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Didier : En quelques mots : j’ai un parcours de musicien de « baluche », comme on dit, à la base quoi. Je commençais déjà à jouer avant d’avoir un apprentissage confirmé, et puis après j’ai fait plusieurs écoles : une école à Paris chez un particulier qui m’a donné des cours « Bossa », des écoles du coin avec les musiciens qui traînaient justement dans les bals… jusqu’à arriver au CMCN actuel de Nancy où j’ai fait ma formation en ’92. Et c’est là que ça m’a donné envie d’enseigner. Pour moi le Rock’n’roll s’enseignait pas et en fait on me l’a enseigné là-bas. J’ai fait un peu de Conservatoire aussi… En fait j’ai eu un apprentissage Conservatoire, MJC, particulier, mec de studio et j’ai rassemblé tout ça pour faire ma propre méthode.

Antoine : Et c’est plutôt efficace puisque maintenant tu as pas mal d’élèves !

Didier : Ah ben j’en ai de partout…

Antoine : Et ça fuse de tous les côtés !

Didier : Et ça joue surtout, ce sont des élèves qui jouent quoi. Ce sont pas que des furieux du manche, que des techniciens mais, par contre, ce sont des musiciens que je retrouve sur scène toutes les semaines. Il y a un de tous mes élèves dont je sais qu’il joue au moins sur Montluçon, les alentours voire plus loin.

Antoine : Ah oui d’accord, donc une méthode très efficace. Parce que du coup, tu as sorti aussi une méthode écrite toi-même ?

Didier : Cet assemblage en fait, étant donné que j’ai formé d’autres profs pour m’aider puisque j’avais de plus en plus de demandes ici, j’ai nivelé un peu mon apprentissage en essayant de rassembler au moins tout ça dans un volume 1 (normalement y a le 2 qui est là-haut et qui commence à être fait). Et voilà c’est un apprentissage, vraiment, pour former des musiciens au live et pas que des techniciens, voilà, je tiens vraiment à ça.

Antoine : Voilà et on est loin du cursus « Conservatoire » droit dans les lignes

Didier : Voilà. J’ai tout testé en fait, j’ai fait du Conservatoire, j’ai fait les petites écoles avec les guitaristes qui nous faisaient apprendre du Francis Cabrel, je suis passé par plein de méthodes différentes et j’ai créé la mienne pour, déjà, partager la passion. Je crois que, déjà, c’est ça le plus important. Je sais que j’ai des musiciens qui, 15 ans après, je les retrouve et ils me disent : « Ah mais j’ai toujours ma guitare au coin du canapé et je fais Santiano ou je sais pas quoi à l’apéro »… Eh bien ça me va ! Ils jouent de la guitare, ils sont toujours passionnés et ils ont pas été dégoûtés au moins de la guitare, c’est déjà bien.

Antoine : Parce que c’est vrai qu’au Conservatoire, il y en a beaucoup qui abandonnent très vite.

Didier : J’en récupère pas mal ! Souvent, on me dit : « Tu prends des gens qui ont fait le Conservatoire ? » et en fait je les prends à partir du moment où les enfants peuvent dire non à leurs parents. Les parents ont payé pendant je ne sais combien de temps le Conservatoire où ils ont fait ça et ils disent « Tu vas pas tout abandonner maintenant ?! » et généralement je les vois venir chez moi et ils savent qu’ils peuvent travailler d’autres styles de musique, c’est surtout ça.

Antoine : Parce que tu fais de l’acoustique jusqu’à la guitare électrique ?

Didier : Ah oui, acoustique, moi j’ai une grande passion pour John Butler ou des guitaristes comme ça c’est vraiment ma cam.. C’est un peu mon problème, j’ai appris qu’une vie suffit pas pour aborder tous les styles et j’aime plein de styles différents. Donc parfois, dans mes cours, j’hallucine en voyant Pantera et Georges Brassens sur 2 pages consécutives mais bon il y a de la guitare dans les 2…

Antoine : Ça ressemble un petit peu à ma playlist chez moi !

Didier : Voilà, moi ce que j’aime, c’est la guitare en fait, et la guitare sous toutes ses formes. Ici, on va jusqu’à aborder la mandoline, j’ai un weissenborn, la guitare à plat là… On aborde aussi le dobro, le banjo, etc. Du moment que ça a des cordes, moi ça me va.

Antoine : Donc école de musique Guitartitude, sur Montluçon.

Et donc, ta méthode est plus portée sur l’improvisation directement en live pour vite s’adapter avec d’autres musiciens ?

Didier : Voilà, c’est pas improvisation, c’est être capable de se sortir de toutes les situations, c’est-à-dire : on a un remplacement à faire, on a un bœuf à faire et on doit savoir au moins lire une grille, connaître les accords de base, improviser dans la bonne tonalité, moduler si on est meilleur (c’est-à-dire changer de gamme dans un même morceau) et puis avoir une base rythmique !

Mais, avant de savoir faire une gamme à 140 à la noire, déjà si tu sais faire 3 accords en place, changer d’accord au bon moment, c’est déjà primordial pour moi. C’est ça avant tout le reste. Je sais qu’ils peuvent se faire plaisir à 2, souvent ils veulent chanter ou, souvent, ils ont un copain chanteur, bon ben tu sais faire tourner 3 accords, c’est déjà ça. Après, tu es guitariste un peu électrique et t’as envie de faire tourner un solo, ben tu sais qu’une forme de pentatonique mais ça suffit. Il y en a qui s’en sortent depuis la nuit des temps avec ça. Et après t’apprendras le mode mixolydien ou le lydien bémol 7 si t’en as besoin mais bon… plus tard !

Antoine : Voilà donc, typiquement, par expérience, eh bien, vendredi soir, Didier organisait une soirée bœuf à la salle du Guingois enfin, ça s’appelle bien comme ça ?

Didier : Oui, c’est une entité qui s’appelle le 109 qui rassemble 3 ou 4 salles de spectacle sur Montluçon.

Antoine : Voilà et j’ai pu tester au moment où c’est parti sur le solo et j’étais un peu dans l’émotion dans le fait d’être arrivé assez vite et puis du coup, le solo, ben je l’ai fait sur une penta…

Didier : …mineure au lieu de Majeure…

Antoine : Déjà, et puis assez simple aussi, j’aurai pu faire beaucoup mieux, mais bon, c’est quand même passé puisqu’il y a des bases.

Didier : L’esprit, c’est ça. On se retrouve entre musiciens, on est en

bas de la scène, on sait jouer de la guitare, on monte ! On monte et on voit sur place avec une grille simple, on fait pas toutes les subtilités… Souvent, je dis aux élèves : « Faites des rondes au premier tour, et au deuxième tour vous écoutez comment le batteur ça tourne, vous essayez de vous caler dessus », etc. Donc en fait, tout ça, y’a une méthode pour apprendre ça.

D’ailleurs, j’en parle 30 secondes, je viens d’être labellisé formateur pour Guitar Tech à Lyon, c’est un organisme de formation et j’ai monté une formation exprès pour ça. C’est-à-dire que je vais former des gens, des intermittents du spectacle qui interviennent dans des structures ou des profs pour leur faire optimiser les répétitions, les ateliers, etc. Je vois qu’il y a toujours un petit flou, faut aller jusqu’à gérer le potentiel stress, par exemple, mais on n’en parle pas, ça.

Antoine : C’est vrai.

Didier : J’ai 6 élèves, il y en a 2 qui sont pétrifiés par le stress, ils peuvent pas jouer la même chose que les autres donc il faut être capable d’analyser ça. Y a tout un tas de choses à savoir sur ce sujet-là. Donc je me retrouve formateur pour eux et sur 3 jours, je vais former des gens à entourer les élèves débutants ou un peu plus confirmés pour optimiser les répétitions, savoir se placer sur scène, savoir gérer un peu leur son, même aller jusqu’à échafauder l’idée d’un chef dans un groupe parce que, souvent, personne prend les commandes mais c’est très très important. Ça se passe bien entre les musiciens mais qu’il y ait quelqu’un qui soit au top pour le rythme, l’autre il maîtrise moins, c’est pas grave. Moi, au niveau du rythme, c’est moi qui dit « c’est comme ça. » Après, gérer les fins comme tu as vu aux soirées bœuf, gérer les changements de tonalité, qui fait un solo… Il faut qu’il y ait quelqu’un qui s’impose. Ce sont des choses qui peuvent s’apprendre mais qui sont pas abordées en général.

Antoine : Eh oui Et puis c’est vrai que quand on se connaît pas entre musiciens, ben on a toujours peur de prendre la parole parce qu’on a toujours peur de se dire « Ouais, ils vont me prendre pour un chef, plus comme un ami… » et puis on a peur de se sentir vantard

Didier : C’est pour ça qu’il faut toujours le faire avec le sourire, quoi. C’est ce que je dis, t’as vu aux soirées bœuf, j’essaye de faire relativiser à tout le monde. On joue chacun un morceau à son niveau. Et après, voilà.

Antoine : Et après, tout le monde s’amuse en mettant ce qu’il veut dedans.

Didier : Voilà, la musique, c’est un partage pour les gens qui sont en face, mais un partage sur scène aussi, entre les musiciens. Donc, si sur scène, chacun est dans son coin et regarde pas les autres, ça le fait pas quoi. Donc voilà, ça s’apprend aussi.

Antoine : Ça s’apprend, tout s’apprend, effectivement.

Alors du coup, tu organisais vendredi soir une soirée bœuf, mais il n’y a pas que ça comme événement que tu organises tout au long de l’année ?

Didier : Non non, je me débrouille tout au long de l’année, avec l’école on se débrouille pour organiser des choses, des rencontres avec des musiciens. Alors j’essaie d’alterner entre des musiciens qui sont des profs, par exemple du MAI puisque je suis labellisé avec l’école depuis peu avec le MAI donc j’ai cette chance-là. Donc il va y avoir des ponts avec les profs du MAI. Je fais venir aussi des gens confirmés qui sont sur scène avec tous les artistes… On a un copain, là, Sébastien Chouard, qui a fait la tournée Mylène Farmer

Antoine : C’est pas lui qui jouait dans The Voice, enfin pour l’émission de The Voice?

Didier : Si, si. Oh ben, lui, sa carte de visite, c’est De PalmasJean-Louis AubertThe Voice… Là, il était avec Mylène Farmer, il était avec Nolwenn Leroy, c’est un des guitaristes les plus demandés. Il est venu 3 fois à l’école, c’est un ami et la dernière fois, il est venu avec son pote Michel-Yves Kochmann qui est aussi dans The Voice et qui est aussi le guitariste attitré de Souchon et de Voulzy depuis je sais plus combien de temps… donc j’organise l’événement pour les élèves, pour qu’ils se rendent compte à la fois avec les profs du MAI le côté pédagogie, prof, etc. et le côté métier.

Et ces gens-là ils ont plein de choses, souvent c’est des rencontres humaines avant tout le reste, quoi. Et la prochaine, elle a lieu le 6 décembre (2019), c’est Pat O’May. Moi j’aime bien faire découvrir à mes élèves d’autres styles de musique. Le guitariste, c’est un guitariste breton et qui mélange bien le shred, on va dire, enfin la guitare solo hardrock/shred un peu avec tout ce qui est musique irlandaise, bretonne, celte, etc.

Donc voilà, je le fais de temps en temps, je sais que c’est un peu plus particulier mais mes élèves me suivent dans mes délires en général. J’ai fait venir Jean-Marie Ecay aussi qui est un guitariste de jazz exceptionnel… de Nougaro and Co. au moins pour qu’ils percutent dans tel style ou tel style. Aussi j’aime bien faire venir des guitaristes du coin, c’est-à-dire des guitaristes qui ont fait du bal et qui ont vécu du bal pendant je sais pas combien de temps. Ici, il y a un groupe référence c’était SOS… Ben j’ai fait venir, 30 ans après avoir fait mes armes chez eux, en étant un petit groupe etc. et je les fais venir maintenant et ils me parlent de leur métier, etc.

Antoine : Oui voilà, toujours une expérience en plus, plusieurs branches qui se rapportent…

Didier : Voilà, j’essaye de ratisser large parce qu’on vit du métier de la guitare de différentes façons. Mes élèves qui me disent « Moi je veux être musicien…» eh bien, à l’heure actuelle, être musicien dans UN groupe de, je sais pas, de Métal… pour en vivre, c’est chaud les marrons quoi. Donc faut être capable d’enseigner, faut être capable de se diversifier. Donc les Masterclass c’est vraiment le truc que je fais le plus mais aussi des soirées bœufs parce que ça permet à tous ces musiciens que j’ai formés et d’autres – plein d’autres – de se retrouver sur scène et de tourner autour d’un morceau. On essaie de prendre des standards et on s’amuse tous ensemble à le massacrer, dans la même direction généralement !

Voilà, ici, il y a toujours des ateliers, des choses comme ça pour que, dès que les garçons ou les filles savent faire 4/5 accords en place, on les met tout de suite en condition avec bassiste, batteur, etc. pour qu’ils se rendent compte quoi. Chez soi, ça va toujours. Si il y a une mesure à 5 temps ½ chez soi, on s’en tamponne le coquillard comme on dit, mais en bas, quand t’es un bassiste ou un batteur, on doit tout de suite être calé dans le rythme et jouer ensemble. Donc il y a ça et puis plein de choses autour.

Je vais même animer au Guingois un truc sur les Pedalboards, sur les pédales parce que, souvent, on sait pas dans quel ordre y brancher, à quoi ça sert, etc. donc voilà je fais toujours plein plein plein de choses, un peu trop sûrement.

Antoine : Mais alors du coup, j’en n’ai pas parlé dès le début mais, ça fait combien de temps que tu fais de la guitare ?

Didier : Oula ! J’ai l’impression que je joue de la guitare depuis tout le temps quoi… des photos de moi, nouveau-né, je grattais déjà les cordes de la gratte à mon père. En fait, j’ai vraiment commencé sérieux vers 14 ans, 13/14 ans…

Antoine : Ah ! Pas avant ?

Didier : Non… Enfin, j’ai gratouillé toujours, mais, je veux dire, en ayant une démarche… « Ça m’intéresse, c’est ça que je veux faire etc. » où c’est devenu obsessionnel… Des années après, mes parents m’ont dit : « Mais qu’est-ce que t’étais chiant ! » Je jouais de la guitare devant la télé, devant les films à 20h30, et même non branché, ils m’ont dit « mais c’était casse-… ».

Antoine : Et encore, c’était pas une guitare acoustique !

Didier : Euh, ouais ouais.. Oh, je le faisais des fois ! Je le faisais des fois, mais passionné, et t’avais besoin de plus de boulot. Bon, de toutes façons, je pouvais pas m’en passer. Mais, à l’heure actuelle, tout est donné par le net, tu peux trouver les accordages, les trucs, bon. Mais, à l’époque, tu faisais avec les poids sur le 33 tours pour ralentir, puis t’enlevais le poids, tu devais remonter en plus aigu parce que ça allait plus vite et pas à la même tonalité, enfin voilà. Mais c’est un bon apprentissage parce que l’oreille a plus bossé que la moitié des guitaristes que je forme maintenant qui sont meilleurs que moi techniquement, assez vite, mais par contre l’oreille, le fait d’avoir travaillé pendant je sais pas combien de temps à repiquer à l’oreille tous les morceaux, je pense que c’est une école qui manque, il faudrait de temps en temps continuer pour les gens qui vont regarder ça. Vous avez tout sur YouTube, les accordages, la façon de faire et tout, mais essayez quand même de garder ce côté « j’écoute à l’oreille et j’essaye de retrouver les notes moi-même », vous verrez que plus tard, ça vous servira… beaucoup.

Antoine : Ouais. Ben c’est justement ce que je valorise un peu sur mon blog, du coup de développer l’oreille au maximum en fait, c’est pour ça que je donne des petites astuces par-ci par-là, pour moi c’est une chose les plus importantes parce que, après, à partir de ça, c’est « facile » entre guillemets de comprendre mieux la technique, en fait.

Didier : Je suis d’accord là-dessus.

Antoine : Bon et alors, ensuite, prof de musique, ça fait combien de temps ?

Didier : Prof de musique ? L’école, on a fêté les 20 ans je crois… C’était même plus que ça en fait. On a fêté les 20 ans du concert de fin d’année, et les premières années j’en faisais pas. Ça fait plus de 20 ans que je fais un concert en fin d’année dans les événements dont on n’a pas parlé où j’ai 70 à 80 élèves qui jouent sur scène et qui jouent, c’est pas le formations où on est 8/10 et qu’il y en a 2 de branchés, voilà. Non non, ils montent sur scène, y’a 3 guitaristes maximum avec des vraies parties à faire qui sont adaptées à leur niveau et ils jouent des vrais morceaux entourés de pros on va dire pour s’il y a à cacher la misère… qu’il n’y a pas bien sûr !

C’est un événement aussi que je fais une fois par an et ça fait 20 ans qu’on fait ça donc ça fait au moins 25 ans que je donne des cours.

Antoine : Et tu as quel âge sans indiscrétion ?

Didier : 22 !

Antoine : 22 ! Ben ça va !

Didier : Non, 54. J’étais à Nancy en ‘92, j’ai fait ma formation à Nancy en ‘92 et j’ai commencé à donner des cours dès que je suis sorti de là-bas, en ‘93. En ‘93, je commençais à donner des cours à la MJC avant de, plus tard, former l’école Guitartitude où j’étais tout seul pendant des années et à force d’envoyer des élèves chez mes concurrents en disant « Ben moi j’ai plus de place », j’ai fais marcher mon intelligence, relative certes, mais j’ai fait marcher mon intelligence en me disant « ben autant former des bons guitaristes », j’en ai un paquet, donc j’en ai formé plusieurs et maintenant on est 3, 3 profs de guitare ici.

Antoine : Euh, y’a.. Je me souviens plus exactement des noms…

Didier : Y’a Fred Bonnet, qui a été un de mes élèves pendant 10 ans… Donc lui, il applique vraiment la méthode que j’ai sortie… et y’a Romain Lopez qui était un de mes premiers élèves y’a longtemps que j’avais formé… Il avait 13 ans. Il en a 30 maintenant ou je sais pas combien. Et je l’avais formé pour aller au MAI, il était sorti majeur de la promotion l’année d’après… grande fierté ! Donc voilà, il est revenu sur Montluçon depuis quelques années et je l’ai embauché pour être le 3ème prof de l’école, de guitare quoi. Donc on a 3 profs de guitare, un prof de batterie et un prof de basse.

Antoine : Spécialisé dans le métal, je crois, Romain ?

Didier : Oui voilà, mais il maîtrise un paquet de choses. Il peut jouer dans plein de styles puisqu’il fait même les remplacements dans un de mes groupes qui fait de la variété française accordéon-rock, un mélange un peu de tout ça, il joue aussi là-dedans. Donc c’est aussi les styles, les styles musicaux ici abordés, y’a vraiment de tout quoi.

Antoine : On se dit, « Franchement, Montluçon c’est une petite ville… » mais y’a beaucoup de choses quand même. Déjà, y’a un paquet de musiciens et c’est vrai que, bon déjà on se connaît un peu tous, et puis même, c’est ce qu’on disait l’autre jour au Guingois avec Philippe qui est, du coup, le technicien de là-bas au Guingois… au Conservatoire, y’a une classe ouverte spéciale MAO, Musique Assistée par Ordinateur… enfin, au Conservatoire, je pensais jamais que ça aurait pu exister !

Didier : Ça évolue. C’est lent mais ça évolue.

Antoine : Je pense qu’il y a plein d’idées, plein de potentiel…

Didier : Et puis moi je suis vraiment pour faire les ponts entre ces 2 apprentissages. Je suis content, l’année dernière, dans la série des choses que j’ai faites, j’ai joué pour un spectacle Ennio Morricone, donc avec des cuivres, je crois il y avait 100 musiciens sur scène. Donc là j’suis pas dans mon univers, je rentre dans l’univers qui vient du Conservatoire, etc.

Antoine : Orchestres symphoniques, tout ça…

Didier : Et c’était magnifique. Moi, ça m’a remis en place parce que le solfège, j’en ai bouffé depuis je sais pas combien de temps dans mon milieu, on s’en sert très très peu. Donc, un pont entre les 2, et là la soirée bœuf, eh ben, il y avait des gens qui venaient de cet univers qui sont venus par curiosité et j’ai qu’un rêve, c’est de mélanger les 2 et ça va se faire, ça va se faire. J’ai pas fini.

Antoine : Oui oui, « Je suis encore là ! »

Didier : Oui voilà. J’espère par contre que des gens comme toi, il doit y en avoir plusieurs, tu vois des soirées bœuf, moi j’organise ça depuis 15 ans, 20 ans mais on dirait qu’il y a pas d’autres gens qui se disent « Ben moi aussi je vais proposer, aussi, moi, de faire des soirées bœuf  avec un autre thème, peut-être ! ». Peut-être même le même, y’a tellement de monde, il y avait 54 musiciens qui ont partagé la scène. Donc, pensez pas qu’à jouer dans votre coin, pensez à organiser des choses. À l’heure actuelle, il faut se bouger. Et c’est comme ça qu’on fait des rencontres, quoi. Moi je vois les soirées bœuf, y’a eu plein de groupes qui se sont faits grâce à ça : « Eh ! Tu joues bien, toi ! Eh moi, j’aime bien ce style, toi aussi ? » et voilà. Donc, si vous restez chez vous, ça le fait pas.

Antoine : Eh ben c’est exactement ce que je disais dans un de mes articles, je ne sais pas si vous l’avez lu, sur « Jouer En Groupe », justement, ou même « Comment Progresser Dans Son Instrument » où je parle justement de comment, en fait… de sortir de chez vous, justement, d’aller rencontrer d’autres gens. C’est toujours bénéfique, que ce soit humainement, techniquement, enfin tout, quoi, hyper enrichissant.

Didier : La musique, chez soi, c’est bien, parce qu’on fait progresser chez soi, mais l’appliquer directement, c’est…

Antoine : C’est une autre école.

Didier : Ah ben, de toutes façons, moi, en fait, je me considère encore, à l’heure actuelle, comme musicien qui donne des cours. Le jour où je me considérerai comme prof qui joue un peu de musique, ça va pas aller dans mon cerveau. La musique, elle doit se jouer sur scène. Pour moi, on est fait pour ça. La musique, elle est faite pour ça. Donc là, je donne des heures de cours, mais j’en donne je sais pas combien, mais je vais jouer régulièrement… je sais pas combien de dates j’ai fait cette année, mais avec des groupes différents, par contre.

Antoine : Avec Marauder aussi !

Didier : MarauderBlondin et la Bande des Terriens, des remplacements Ennio Morricone ou d’autres groupes jusqu’à… j’ai été jusqu’à Paris avec un groupe extra-bal jouer avec, je dépanne plein plein de musiciens qui sont en panne de gratteux, euh.. mais qu’est-ce que c’est bien. Voilà, moi, ce que je préfère par-dessus tout, c’est jouer. Jouer sur scène, ou là, par terre, partout, ça me dérange pas.

Antoine : Ouais, c’est ça, moi, vendredi, quand je suis rentré, je devais rentrer ce week-end, et puis on avait un petit concert de prévu avec le petit groupe, donc les Girls Come Down dont je fais partie depuis un petit moment, mais ouais du coup c’était vendredi soir, une petite soirée à la Maison des Jeunes voilà je crois, Rue des Forges, et du coup, je me suis dit « il faut absolument que j’aille à la soirée bœuf aussi ! » parce que ça fait tellement longtemps, de rester dans mon coin, « tout seul », entre guillemets, à Limoges, revenir à Montluçon et re-rencontrer tous les musiciens que je connais et puis jouer avec, c’est carrément autre chose. Ça fait vraiment plaisir, franchement, parce que, 2 jours avant, c’était chaud de caler ça et t’as réussi en plus !

Didier : Ouais ouais, ben, de toutes façons, on essaye, quoi. C’est que, on est un peu victime du succès, quoi. Chaque fois, les gens attendent cette soirée et puis, les musiciens du coin jouent toujours à droite à gauche mais on n’a peu l’occasion de se croiser. Et là, voilà donc, des fois, on a des membres… je sais pas combien y’avait de membres de groupes, moi j’ai reconnu dans tous ceux que je côtoyais, y’avait au moins 8 groupes en activité, des musiciens de 8 groupes en activité qui sont venus et qui ont partagé la scène et qui cassent le groupe, justement, parce que… je leur dis : « Je veux pas que vous montiez avec votre groupe nous montrer ce que vous savez faire, on vous voit. » Là, ce que je veux, c’est que, on prend un guitariste qui vient de tel style, tel style, tel groupe et on mélange. Et normalement (normalement), ça doit faire quelque chose.

Antoine : Et ça fait toujours quelque chose. Y’a un morceau qui a un petit peu foiré… T’es parti boire une bière, « malheureusement » !

Didier : Euh, ouais ouais, c’est vraiment ça, des fois, les gens disent « Ouais mais toi tu restes sur scène. », mais j’ai remarqué que j’ai tellement l’habitude de faire ça que, si je suis pas sur scène, pour gérer justement… C’est pour ça que je dis que, cette formation que je vais faire, elle peut aider les gens parce que c’est des choses qui s’apprennent. Et puis faut s’imposer. Faut s’imposer, quitte à paraître prétentieux mais c’est pas de la prétention, c’est que, si tu t’imposes pas, la fin elle peut durer 3 jours avec des solos de guitare jusqu’à ce que mort s’en suive, etc. À la fin de la soirée bœuf, d’ailleurs, j’ai la bouche, elle est de ce côté, à force de balancer les accords au guitariste, balancer les structures au clavier, etc., je finis j’ai la gueule comme ça, mais bon, c’est rigolo !

Antoine : Ouais, c’est rigolo ! Bon alors, on a parlé… donc, sortir, c’est vraiment essentiel quand on veut jouer de la musique, mais alors, qu’est-ce que t’aurais comme autres conseils à donner pour ceux qui veulent commencer la guitare alors, soit tout seul, en autodidacte, soit quand ils prennent aussi des cours avec des profs de guitare mais, qu’enseignent pas forcément comme toi tu pourrais l’enseigner… ou alors quelles erreurs ils auraient à éviter, tout ça…

Didier : Eh bien, la première chose, déjà, c’est de pas partir avec, dans l’esprit, en voulant jouer comme Steve Vaï ou je sais pas quel guitariste, en acoustique comme John Butler. On voit faire, on se dit : « Ça paraît facile, etc. » Prends des objectifs plus simples et monte le mille-feuilles petit à petit. Mais, vraiment, l’objectif primordial, c’est se dire « Je vais prendre ma guitare, je vais m’amuser déjà. » avant tout. Avant le côté rythmique, etc. « je vais m’amuser. » Faut faire sérieusement un amusement, on va dire. Après, il est vrai que dès que vous allez être à 2, à 3 ou même essayer de chanter, vous allez vous rendre compte du problème, quoi. Donc il y a une certaine rigueur à avoir mais il faut, pour moi, partager ça en plusieurs bouquins, il y a le bouquin avec « Savoir faire du rythme », « Savoir quelques accords de base » et « Savoir improviser dans des tonalités différentes ». Donc, après, y’a plein d’astuces.

Vous êtes débutants, faudrait demander à vos profs de pas aller vers la difficulté directement… comme les barrés, tous les guitaristes débutants, dès qu’il y a le barré à faire… ça fait des « pets de grenouille » j’appelle ça, moi. Moi, je m’en rappelle, d’ailleurs, j’ai failli abandonner la guitare au moment des barrés.

Antoine : Beaucoup !

Didier : Voilà ! Alors qu’en fait, tous les morceaux sont transposables, c’est–à-dire qu’on change la tonalité et que le Fa# mineur devient un Mi mineur avec un capodastre ou même en faisant le morceau plus grave. Donc ça, c’est une chose importante. Si vous prenez des cours, demandez pendant un moment de faire des morceaux et au prof de le transposer. On peut prendre un exemple ?

Si on prend un morceau avec 3 accords, truc simple… Bon alors faut que je m’en rappelle moi, t’es mignon…

… OK, on va prendre euh… J’appelle ça les morceaux maudits parce que tout le monde connaît ce morceau mais personne sait le titre du morceau et personne sait l’auteur. C’est What’s Up des 4 Non Blondes. Bon y’a 3 accords, y a un La Majeur… Un Si mineur… et c’est là que celui que le guitariste peut pas faire et puis un Ré. Donc 3 accords, on se dit, quand on débute : « C’est cool ! Y’a 3 accords tout le long du morceau. » donc super cool. Sauf que, le Si mineur, déjà, ça écrème la moitié des guitaristes puisque le barré est infaisable. Si, au lieu de faire un La Majeur, on descendait d’un ton, le La devient… Un Sol ! Le Si mineur devient… Le La mineur, et le Ré devient… le Do. Ayé, on se retrouve avec des accords standards sans barré… Un La mineur donc, faisable… et un Do… et on revient au Sol. Donc ça c’est faisable sur 80% des morceaux de variété classique quoi. On a envie de jouer, on a envie de s’amuser avec d’autres, eh ben, il suffit de mettre un capo en case 2 et on récupère la tonalité d’origine. Et je dois avouer que la nana chante tellement bien que la plupart des chanteuses diront « C’est bien. Un ton en-dessous c’est bien pour la voix, hein ! ».

Donc ça, ça me paraît des choses toutes bêtes que je donne déjà à tous mes débutants, c’est-à-dire que y’a des morceaux des fois avec plein d’accords, des barrés, etc. qu’ils voudraient bien faire, mais c’est impossible. Il me suffit de transposer dans une tonalité comme Sol ou Do, et c’est des tonalités où t’auras presque pas de barrés. Voilà, donc, il y a des astuces pour ça, d’accord ? Le rythme ? Vous débutez, vous faites pas de rythme. Par contre, vous changez tous les 4 temps… [♪♫] et une fois que vous vous sentez à l’aise, vous rajoutez du rythme, etc. mais déjà on peut jouer à 4 ou 5. Vous faites des rondes, on peut jouer, déjà. C’est déjà magnifique, n’est-ce pas ?

Donc voilà, les conseils, c’est ça. C’est pas se fixer d’entrée de jeu : « Ouais, je vais faire le barré de Si mineur ! » Ça va faire… Je pourrais sortir une méthode sur les défauts, le Volume 1 bis et la même méthode mais avec tous les défauts que vous allez trouver.

[♪♫] Voilà, le temps de placer l’accord, et voilà. Alors là, pareil, il y a encore des astuces. Vous êtes débutant : vous avez une rythmique que vous allez arriver à déchiffrer qui fait… [♪♫] … vous avez ça, vous enlevez les derniers temps. Vous faites juste ça… [♪♫] … et vous vous laissez un temps de trou. J’appelle ça lightiser, du verbe lightiser… verbe transitif 1er groupe, c’est ça ?

Antoine : … qu’on connaît tous !

Didier : Voilà ! Donc, si tu transposes le morceau, si la rythmique qui fait 4 temps avec, bien remplie là et qui t’empêche d’aller placer l’accord sur le 1er temps, ben enlevez-en un bout ! Vous la rajouterez à la fin. Voilà, et après, savoir… là c’est en La Majeur la tonalité d’origine… savoir faire une pentatonique de La, et c’est parti ! Et on est parti. On joue.

Antoine : Alors, est-ce que tu en aurais éventuellement un autre ?

Didier : Alors, un autre conseil, ça serait aussi les pentatoniques. Souvent, on voit les bouquins, il y a 5 schémas de pentatonique à apprendre donc 5 schémas pour un cerveau de rocker, c’est limité généralement donc moi, sur 5 schémas, je n’apprends que 2 schémas. J’apprends le classique avec la fondamentale sur la première corde, que tout le monde connaît ou que tout le monde essaye de connaître. Et, plutôt que d’apprendre toutes les autres qui sont au milieu, en fait, quel est l’avantage d’apprendre le schéma précédent, celui-là ? [♪♫] Nouveau doigté, pas très évident, tout ça pour quel avantage si on écoute ? [♪♫] En fait, on a exactement les mêmes notes sauf qu’on a rajouté celle-là.

En fait, le schéma précédent nous rajoute une note. Tout ce travail pour une note ?

Antoine : Et enlève en plus la case numéro 8.

Didier : Voilà. En fait, le schéma précédent nous rajoute une note grave en plus, le schéma d’après nous rajoute une note aiguë. Autant ce que j’appelle « étirer » notre schéma qu’on connaît en récupérant la note du schéma d’après et la note du schéma d’avant. Donc moi, dans mes cours, ce qu’on fait, c’est qu’on travaille à fond celui-là et après on l’étire. J’appelle ça les petits carrés, c’est pas très musical, mais bon on s’en fout. Ça fait un carré ici et ça fait un carré ici. [♪♫] D’accord ?

Donc, une fois qu’on a ça, on a carrément 3 schémas en 1. Donc après, moi ce que je fais apprendre, histoire d’aller un petit peu plus loin et d’aller récupérer un second schéma un peu plus aigu, je récupère celui-là. [♪♫] En fait, je leur dis aux élèves, premier schéma : « Vous cherchez la note demandée sur la première corde, le La il est ici et après sur la 2nde corde », moi je parle pas comme le classique moi la première corde c’est le Mi grave et la deuxième corde c’est le La. C’est juste pour le visuel, pour que ce soit plus pratique. Le La il est ici, et je fais un deuxième schéma que je vais étirer après. [♪♫]

Et une fois que t’as ça déjà, tu couvres presque toute la tessiture de la guitare puisque tu vas retrouver en aigu le premier.

Franchement, pour improviser ? Mais ça suffit amplement ! Après, ce qu’il faut savoir, c’est, en Majeur, c’est là généralement où le bât blesse. Alors moi, j’ai une astuce, c’est le signe du Métal. Je me sers de ça pour que ça parle aux élèves. En fait, le signe du métal, ici on a l’index et ici on a un auriculaire, donc le premier commence par i- et le deuxième commence par a-. Dites-moi pas o-, y’a une élève qui m’a dit « oriculaire » avec un o-. Là, forcément, on est mal barré. Donc, si on se rappelle le signe du Métal, on a l’index qui commence par un i- comme mIneur, auriculaire qui commence par un a- comme MAjeur.

En fait, si un couillon de prof vous demande la pentatonique de La Majeur, vous cherchez le La sur la corde grave… Mi-Fa-Fa#-Sol-Sol#-La. Et vous vous dites : mineur-Majeur, je vais poser le petit doigt sur la note que j’ai trouvée et vous aurez, avec le même schéma, la possibilité de jouer en La Majeur, comme le morceau du Guingois… [♪♫] Vous avez qu’une incidence, c’est de repérer où est le La sur le schéma. [♪♫] Il est là, donc revenez régulièrement dessus. Le plan que vous faisiez ici, je sais pas, ici, si vous faisiez… [♪♫] … vous l’adaptez là-bas en finissant sur le La.
Donc vous avez juste à vous décaler comme ça. Pensez au signe du Métal et vous dites… Oh je vais essayer en Ré… Mi-Fa-Fa#-Sol-Sol#-La-La#-Si-Do-Do#-Ré, le v’là le Ré. Si je suis ici avec l’index, je joue en mineur, index commence par un i- comme dans mIneur. Si je joue en Majeur, je pose le petit doigt sur le Ré, et c’est parti. Et là, vous avez tout. Les morceaux ils sont ou Majeurs ou mineurs. Les mixolydiens on s’en fout. C’est Majeur ou mineur. Donc voilà comment j’amène mes élèves tout de suite à jouer le plus vite possible. Ils sont capables de faire un solo qui est pas toujours terrible, certes, mais au moins qui est juste, c’est déjà pas mal. Donc voilà les astuces que je donne, savoir lire une grille tout de suite pour… Des fois je vois des tablatures, y a 6 pages ou 7 pages pour jouer une rythmique qui diffère d’une croche du premier couplet au deuxième couplet, franchement, c’est du temps perdu quoi. Donc, en musique, j’ai encore à apprendre et ça fait 40 ans que je bosse la musique donc… Maintenant, avec le recul, je pense qu’une vie peut suffire pour un style de musique.. Ouais, un style, une vie ça doit suffire, pour vraiment le maîtriser. Mais, si vous êtes ouvert un peu en musique, ben, je suis désolé de vous le dire, vous aurez pas assez de votre vie, désolé !

Antoine : Après, c’est quand même bien de s’ouvrir à plein de styles, attention et pas être forcément un expert à fond à fond dans le même style.

Didier : Voilà, c’est ça, après on a une spécialité. Moi, c’est le Rock à la ZZ Top, c’est ma cam comme on dit mais après, quand je joue avec Blondin et que c’est de la variété, variété Rock avec un accordéoniste qui joue comme un fou en improvisation et que je suis à côté, je m’éclate parce que je fais de la musique avec des musiciens, en plus… des sacrés musiciens… c’est l’éclate, peu importe le style. Mais faut connaître un peu… en fait, il y a des codes à savoir, des espèces de rythmiques à savoir, vous allez pas faire de la Bossa Nova si vous connaissez pas la pulsation rythmique. Donc, il y a des codes dans chaque style, il faut les connaître. Après, si vous connaissez qu’une Bossa Nova, une rythmique, eh ben c’est déjà pas mal. Mais voilà, quand y’a une jolie fille à draguer et qu’elle dit « moi ma musique préférée c’est la Bossa Nova » et que vous vous êtes un rockeur pas tenté… savoir au moins une rythmique ça peut le faire donc… abordez tous les styles et après réadaptez-les à votre propre style.

Antoine : Et c’est rigolo que tu dises ça parce que moi, au début, je voulais partir sur la guitare acoustique comme beaucoup d’adolescents parce que voilà, ça plaît aux jolies filles, et puis, vite…

Didier : Ah oui, t’as bifurqué !

Antoine : … le Punk, le Métal, c’est parti assez vite avec les guitares électriques et puis, et voilà en fin de compte on fait ce qui nous plaît. Et, au final, je me suis plus rendu compte que c’était le piano qui plaisait aux filles que la guitare, comme quoi !

Didier : Ben, moi j’ai joué un peu de piano, surtout dans les baluches, quand j’ai commencé, c’était la fin des AC/DC, tous ces groupes-là et c’était « Isabelle A Les Yeux Bleus », enfin, non…. C’était le synthé qui commençait à prendre tout ça et il a fallu que, dans le groupe, on-en-choi-sit-un-qui-f’ra-du-syn-thé… Didier – Synthé, allez… Je me suis retrouvé à jouer du clavier et tout. Ce que j’adore dans le clavier, c’est le côté ludique d’entrée de jeu, les accords, les dièses, tu vois tout où c’est, c’est pratique. Après, moi, il me manque un côté physique quoi, moi je serai un gratteux tout le temps du côté… Là ça m’appartient plus, là je sens vibrer les cordes, etc. Donc, moi c’est la guitare mais, pour composer, je trouve que le piano c’est un truc magnifique quoi. Donc voilà, chacun sa cam, et que vous fassiez n’importe quel instrument, c’est un esprit, je crois, qu’il faut avoir, un esprit de musicien et au Guingois, comme t’as vu, y’a un esprit, et c’est ça que je tiens à garder.

Antoine : C’est pour ça que ça dure jusqu’à 2h30 du mat’ et qu’on le voit pas passer !

Didier : Moi, si, je le vois passer…

Antoine : Si, toi je pense que si, oui !

Didier : … surtout le lendemain.

Antoine : Ben, sur ce, je pense que c’est une très belle leçon de vie. Est-ce ça te dit un petit morceau, un petit extrait sur lequel tu pourrais improviser ?

Didier : Euh, tout seul, il faudrait que tu prennes une gratte, ou…

Antoine : Non, mais avec un morceau que t’aimerais bien, par exemple.

Didier : Ouais, je sais pas ce que je peux vous faire…

Antoine : Parce que si tu veux je te prends une gratte et puis je t’accompagne, je fais les accords en même temps !

Didier : Eh ben, ok.. Ou alors je vais jouer un petit arrangement là que j’aime bien… Je vais vous faire un petit truc que je montre à des guitaristes confirmés. C’est, un peu, comment « hendrixer », du verbe encore hendrixer, verbe encore du 1er groupe transitif. C’est un morceau de Lenny Kravitz qu’il joue au piano sur un piano anorexique, comme je dis, parce que, vraiment, Lenny, il fait juste… [♪♫] … donc vraiment, c’est très basique, mais il le fait super bien.

Antoine : Comment il s’appelle ce morceau ?

Didier : Euh, I’ll Be Waiting !

Antoine : Ah oui, c’est celle-là !

Didier : Donc il fait ça, et un jour, y’a une version sur le net qu’on trouve où il a dû dire « Mais derrière le piano, on me voit pas, moi j’suis plutôt beau gosse et tout. On va faire le contraire… », il demande à son gratteux : « Eh, tu fais l’intro toi ? Et on va le faire juste comme ça, je me mets pas au piano ! ». Et le gratteux, il s’est dit : « Whaa, cool, j’ai la place !» et tout. Et donc il déboule et ces 3 accords, Ré mineur, Mi bémol, Si bémol, Fa, enfin y a un Fa qui apparaît une fois sur deux… L’autre, il prend la guitare et il « hendrix », ce que je dis, c’est-à-dire il améliore le morceau en faisant ce genre de choses : [♪♫] … (Excusez-moi pour les pins…)

Et, très important, c’est que vous savez jouer ça, c’est le pied mais essayez d’analyser. En fait, moi, ces plans-là, je passe du temps à les analyser pour voir s’ils sont replaçables tout le temps. Par exemple, ça c’est un Ré mineur 7, et cette astuce du petit doigt en fait, si vous analysez, elle marche sur tous les accords mineurs que vous aurez donc, ou ici [♪♫] ou ici [♪♫] donc ça c’est tout bête, une fois que j’ai un accord mineur  7 n’importe où sur le manche, je sais que ça ça marche, donc je vais le réutiliser. Ou ce plan-là qu’il fait… [♪♫] … ce plan-là, que vous fassiez un accord Majeur de ce type-là ou un accord Majeur de ce type-là, ça ça marche tout le temps. Si vous prenez des accords Majeurs, je vais vous faire Dock Of The Bay, par exemple. [♪♫] … Que des accords Majeurs, donc le plan piqué à Kravitz, ça marche tout le temps comme ça, donc en fait, c’est ça, au bout d’un moment qui me paraît intéressant, c’est que quand on chope un truc qui nous plaît, faut essayer de le replacer et l’analyser un peu pour savoir si c’est replaçable un peu partout. Donc si ça marche là par exemple, si je fais un La, on sait que le La est là, donc après vous pouvez faire un mitigé des deux, [♪♫] Ça marche… Ça marche tout le temps. Donc je prends pas mal de morceaux, par exemple ça ça passe partout. [♪♫] Et après je mélange. [♪♫] etc., ça ça marche aussi partout.

Antoine : Ouais, ça c’est un peu à la Dire Straits, aussi, il aime bien.

Didier : Voilà, c’est ça, en fait on part d’un La de cette forme-là pour  arriver à cette forme de Ré. Forme de Mi – forme de Ré. Et ça ça marche partout. Je refais. [♪♫] … Donc j’ai adapté 3 plans. The first one… [♪♫] …ça c’est une possibilité. [♪♫] Possibilité 2. [♪♫] Possibilité 3. Et après, sur tous mes accords, je balance celui que je veux, selon mon humeur. [♪♫] etc. Donc voilà, ça peut aider quelqu’un. Amusez-vous avec ça, ça marche à tous les coups.

Donc voilà, peut-être vraiment ça quand vous aurez un certain niveau, puisqu’il doit y avoir un peu de tous les niveaux qui regardent ton blog, essayez d’analyser un petit peu ce que vous faites pour vous dire : « P***, ce plan-là il est génial, est-ce que je peux le replacer sur tous mes accords Majeurs ou tous mes accords mineurs ? » et une fois que tu as ça, tu habilles, tu t’ennuies pas en soirée bœuf par exemple. Souvent je laisse la place aux autres guitaristes pour faire des solos donc je me retrouve en rythmique mais je sais que je peux m’amuser. J’apprends souvent d’ailleurs en faisant les rythmiques derrière où je me dis « Tiens, je vais essayer ça… Oh, ça marche bien ! » et voilà quoi. Donc je profite de chaque moment. J’espère que ça ira !

Antoine : Ben c’est nickel, alors est-ce que tu veux qu’on mette un backing track et genre que tu peux improviser dessus ? Juste pour l’improvisation ?

Didier : Euh ouais ouais. Trouve moi « Backing Track Satriani en Fa », Majeur.

[♪♫] En fait là je veux montrer des choses simples. C’est-à-dire qu’il y a des choses qu’on pense pas en improvisation, c’est changer la métrique, c’est-à-dire faire des croches, des noires, des triolets, on pense à faire ça… [♪♫] Ok, je vais essayer de faire des noires. Ça oblige à faire vibrer les notes parce qu’on n’a pas grand-chose à faire. Croches… donc je vais essayer de pas faire quelque chose de bon mais vraiment, écoutez ce que ça change, noire… triolet plus dur… donc vraiment pensez à ça. Donc voilà, des choses aussi bêtes que ça, c’est changer la façon de jouer… On va juste jouer une penta’, si vous débutez, ça suffit amplement. [♪♫] Tout ça, c’est des exercices en fait de technique. [♪♫] Je passe par-dessus une corde… [♪♫] Obligez-vous aussi à utiliser les bends, les reverse-bends, les slides & Co.

[♪♫] En fait, l’improvisation, pour moi, c’est comme des petits bouquins. T’as le bouquin du rythme, t’as le bouquin des effets donc tu dois essayer de changer de rythme, t’écoutes ce que ça donne des triolets, des sextolets si t’es bon, etc. Tempo lent : je prends souvent du Pink Floyd, des trucs avec un tempo super lent pour pas désespérer les guitaristes. Donc y’a le premier bouquin c’est le rythme, le deuxième bouquin c’est les effets de jeu, les bends, les slides, et après, y’a bien sûr savoir faire des gammes, savoir faire des triades, des bouts d’arpèges, des bouts comme ça, et aussi un petit fascicule qui est pas épais mais essayez de privilégier la mélodie. Souvent je demande aux élèves… Je leur laisse faire un solo et je leur dis après : « Tu peux me chanter une partie de ton solo que t’as fait, là ? » et ils peuvent pas. Généralement, ils font plein de notes, y’a pas de vide. En fait, les grandes erreurs, en général, c’est lesquelles ?

Quand on débute en improvisation, on bavarde. On balance des notes, le plus possible. On répète jamais la même note, pour les débutants c’est souvent ça. Donc on laisse pas de vide, on répète pas les notes… donc voilà des petits défauts qu’on prend tous et puis on privilégie pas la mélodie, quoi. On essaye de changer tout le temps. Alors que si tu fais un même plan mais que tu le changes : [♪♫] Tu répètes la même phrase. [♪♫] Des fois, c’est plus efficace ça que… [♪♫] … Tu vois, donc des fois ce genre de petits détails ça fait des fois des solos aussi beaux, surtout sur une belle grille comme Satriani, là. Y’a beaucoup d’accords, tu fais la même phrase en boucle et ça sonne terrible quoi. Donc voilà ce que je peux vous dire, je sais pas si ça pourra vous aider.

Antoine : Oh ben je pense que si. Même moi, tu vois, y’a des trucs que t’as dit, je pensais pas forcément. D’ailleurs faudra que je reprenne quelques cours à l’occasion quand je rentre. C’est le temps qui me manque mais, vraiment…

Didier : Ah ben tu sais où me trouver, voilà quoi. On peut trouver pendant les vacances scolaires, ça serait pas mal où j’ai quelques uns qui se barrent un peu sinon. Souvent, j’ai des confirmés qui viennent me voir mais ils viennent me voir pendant les vacances scolaires et ils se prennent 2h, voire 3h, ils en prennent plein la tête et ils se barrent, ceux qui viennent de loin. J’en ai qui viennent de Vierzon des fois prendre des cours, de Bourges ou de je sais pas d’où, par contre ils en prennent plein la tête pendant 2h et après ils repartent avec un anti-vomitif. C’est juste, quand on arrive à un certain niveau, aussi, si je peux donner un dernier conseil… C’est être honnête avec soi, c’est-à-dire pas se dévaloriser, s’auto-analyser en disant « Wha le solo que je viens d’enregistrer, il est pas terrible, tout ça. » mais pas oublier de se dire : « Oh p*** le début il était top, wha j’ai fait un bend il était super juste », il faut être juste avec soi. On fait pas tout bien, je fais pas tout bien, vous écouterez, comme j’entendais pas bien la séquence, y’a plein de choses où je dois être à côté mais c’est pas très grave… Mais vraiment, se dire « Wha mais par rapport à mes débuts j’arrivais pas à faire un barré, j’arrivais pas à faire ça, je progresse, je progresse. Je voudrais progresser et jouer comme Satriani ou je sais pas qui… », c’est pas possible quoi. Ou ça se fera qu’au bout d’un certain temps.

Faut avoir la lucidité de ça quoi, les gars ils ont bossé la guitare je sais pas combien d’heures. Jimi Hendrix, il s’endormait avec la guitare et il bossait 14h, sauf que dans notre vie actuelle, on est lycéen, on bosse, on peut pas faire ça quoi. Donc faut optimiser le temps, optimiser le peu de temps qu’on a. C’est ce que je disais tout à l’heure quand je disais que j’ai analysé mes 2/3 plans sur les accords, je les ai analysé et maintenant je me retrouve avec des plans réutilisables tout le temps donc, pour moi, le temps, c’st de l’argent, donc je peux pas me permettre de trop divaguer. J’ai pas beaucoup de temps, je veux progresser, j’écoute un plan qui me plaît mais je l’analyse directement. Il est joué sur tel accord, si il sonne bien c’est peut-être parce qu’il y a tel accord, et le même plan sur un autre accord il ira pas. Donc ça ça demande un peu plus de bouteille mais vous pouvez vous faire aider avec des profs si vous devez prendre des cours. Moi je vous conseille, je dis pas ça pour moi, je suis blindé mais prenez quand même quelques cours avec des profs parce que ça aille plus vite quoi. Ça va plus vite sur l’apprentissage. Y’a plein de choses qu’on peut trouver sur YouTube et tout mais on comprend pas bien, on reproduit sans comprendre et sans comprendre, tu perds du temps.

Antoine : Et puis aussi, y’a le fait que quand il y a un professeur, ben on se sent contraint de travailler, on se sent accompagné aussi…

Didier : Toi tu parles en connaissance de cause !

Antoine : Ah ben c’est sûr que si j’avais un professeur, y’a des trucs sur lesquels je ferai l’impasse dessus, beaucoup plus de guitare effectivement et que je devrais faire chez moi mais, pareil, j’ai pas le temps…

Didier : Je sais bien, tu sais que la semaine d’après, t’as le prof il va te demander la gamme mi mineur mélodique ascendante, là t’es obligé de savoir quoi. Non mais voilà faut y aller mollo, prendre toujours du plaisir et puis voilà quoi, ça va le faire.

Antoine : Super. Alors, tu as une méthode comme tu disais ? Elle est encore en vente ou pas ?

Didier : Elle est encore en vente, par l’intermédiaire du site Guitartitude, il a été piraté mais il est en reconstruction et tous les onglets fonctionnent, y’a juste la page d’accueil pour l’instant qui est en train d’être refaite. Mais vous pouvez commander par l’intermédiaire du site Guitartitude.fr ou alors ici, il est encore en vente sur les Cultura et les magasins Euterpe à Clermont, à Moulins je crois, ou Vichy. Voilà mais le mieux c’est de me contacter à Guitartitude.

Antoine : Voilà je vous mets le lien dans la petite fiche en haut et puis dans la description et puis comme ça… À peu près partout comme ça.

Bon, eh bien, merci Didier !

Didier : De rien, c’était un plaisir ! Un plaisir. À bientôt !

Merci à tous d’avoir regardé cette vidéo. C’était ma première interview d’expert et j’ai hâte de vous en proposer d’autres à l’avenir. La prochaine sera l’interview d’un groupe de Rock !

À bientôt pour une prochaine vidéo et pour un prochain article sur le blog !

4 Replies to “Interview d’Expert : Didier Besse, Professeur De Guitare & Guitariste”

  1. Parents en Equilibre dit :

    C’est toujours hyper enrichissant de lire le point de vue d’experts dans leur domaine. Merci à Didier Besse

  2. Arthur Debons dit :

    Hey Antoine ! Merci pour cette interview fort enrichissante ! 🙂 Encore une fois il y a toujours un peu de vocabulaire qui sonne comme du chinois pour moi… enfin non pas du chinois du coup, mais tu m’as compris ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *