La puissance du SILENCE en musique

Les notes, le rythme, l’harmonie, la théorie, tout ça, c’est important. Mais il existe un ingrédient supplémentaire ESSENTIEL : le silence. Je vous explique tout dans cet article ?

Aujourd’hui, j’aimerai vous parler d’une grave erreur que font la majorité des musiciens,

Qu’ils soient aussi bien débutants que plus expérimentés,

Et c’est ça le plus incroyable.

Jusqu’à maintenant, je vous disais qu’il fallait 2 ingrédients principaux.

2 ingrédients pour participer à l’élaboration d’une musique,

2 ingrédients pour mieux l’analyser et la comprendre,

2 ingrédients pour que, grâce aux codes d’une composition commercialement surexploitée,

N’importe quelle musique puisse devenir un tube. Et j’exagère à peine.

Ces 2 ingrédients, ce sont la mélodie et la rythmique,

Que l’on peut assimiler directement aux notions d’espace et de temps.

Alors que la mélodie sera le cœur et l’âme de la chanson,

Le petit oiseau chantant du haut de sa branche,

Traduisant la spatialisation des fréquences sonores autour de lui,

La rythmique sera le fil conducteur temporel,

Le support qui permettra à cette mélodie d’évoluer, de jouer de dynamisme,

Et de paraître plus ou moins mouvementée… ou flottante. Au choix.

À eux deux, ces ingrédients peuvent produire les plus belles merveilles du monde,

Et vous le savez s’il y a une chanson (voire plusieurs) que vous aimez par-dessus tout,

Ce qui est forcément le cas.

Maintenant, il y a un 3ème ingrédient que l’on n’évoque pas assez souvent et qui, pourtant,

A son rôle à jouer dans la conception de la musique.

C’est, en quelques sortes, l’assaisonnement final qui reflète la personnalité du compositeur.

Ce complément « sonore », c’est le silence. Paradoxal, n’est-ce pas ?

Oui, le silence est un élément clé qui a tout autant son rôle que la mélodie et la rythmique.

Et un certain Monsieur l’a très bien prouvé. Mais j’y viens après.

Imaginez une musique qui, du début jusqu’à la fin, ne marquerai aucune pause mélodique,

Aucune interruption harmonique ou rythmique. Ce serait particulier, vraiment.

C’est particulier, d’ailleurs. On appelle ça la musique progressive. (Et vlan.)

Oui, c’est un style de composition à part entière qui nécessite des connaissances théoriques très poussées,

Et ce, pour apporter en compensation ce que le manque de silence retire à une œuvre :

Des intentions claires et précises, du relief et du dynamisme.

Mais des groupes et artistes plus que géniaux ont su se montrer à la hauteur d’un tel défi.

Gilmour et Waters dans Pink Floyd, par exemple, dans le registre Rock Progressif et Psyché.

Mais vous avez aussi Tool, un groupe de Metal Progressif précurseur du genre,

Ou bien encore Devin Townsend, artiste multi-instrumentiste exploitant tous les atouts d’un Metal Progressif Orchestral et Industriel.

Si l’on veut donc rester dans un style plus « populaire » (au sens très large du terme),

Le silence doit être autant utilisé que le sont les notes,

Et c’est ce qui en fait un élément à part entière en musique.

Maintenant, comme je vous l’ai dit, un grand compositeur a su user de dérision pour montrer l’importance du silence dans la musique et ce, notamment grâce à l’une de ses compositions.

Il s’agit de John Cage, avec son « morceau » : « 4’33’’ »

Un morceau avec une spécificité qui a su faire parler de lui.

Oui, ce morceau a pour particularité de n’avoir aucune note à jouer,

Puisqu’il est composé de 4’33’’ de silence !

Mais en réalité, la valeur de ce « morceau » ne prend toute sa valeur que lorsqu’il est « interprété » en public (encore une fois, je marque des guillemets, ça fait bizarre de dire qu’on interprète du silence…). Pourquoi ?

Parce que ce n’est pas le silence de l’interprétant qui compte dans ce cas-là.

Non, c’est l’ensemble des sons que les auditeurs ne peuvent s’empêcher de faire,

Mais aussi l’environnement et les bruits parasites présents sur scène et dans l’ambiance générale.

Et, si l’on y réfléchit bien, on peut voir que c’est vraiment difficile de garder le silence absolu.

Bon, si vous connaissez un peu la notion de décibel, vous devez savoir que même si vous mettez un sonomètre dans une pièce vide et sans bruit, le niveau ne descendra pas en dessous de 50dB.

Si vous n’y connaissez vraiment rien, pas de souci. Les notions théoriques du son, c’est pas de la tarte.

Mais ce que je veux dire par là, c’est que l’on est conditionné à continuellement recevoir de l’information de quelque sorte qu’elle soit,

Et l’information auditive n’en fait pas exception.

Que vous soyez dans les transports en commun ou en voiture,

Chez votre coiffeur, votre fleuriste ou votre boulanger,

Vous êtes constamment soumis à un flux sonore important,

Soit purement musical, soit par l’ensemble des bruits environnants.

Mettre la machine sur pause le temps de quelques instants est donc EXTRÊMEMENT difficile,

Et c’est à n’y pas croire.

Voilà pourquoi l’œuvre de John Cage aura TOUJOURS du sens quand elle sera interprétée en live, grâce au silence que nous, actifs de la société actuelle, ne pouvons pas arriver à préserver.

À méditer.

Bon, maintenant, si j’aime bien me poser mille et une questions et philosopher pendant des heures,

J’aimerais vous dire comment vous pouvez intégrer davantage de silence dans votre jeu instrumental,

Pour en faire davantage ressortir les différents thèmes mélodiques.

Oui parce que, plus votre message sera gratiné, moins il aura de la valeur.

Il suffit de quelques bonnes paroles placées aux bons moments pour déployer toute son envergure,

Tout comme il suffit de quelques notes importantes jouées aux bons endroits pour donner plus de cœur, de corps et d’importance à un thème, à une harmonie ou à un rythme.

Encore une fois, écoutez Pink Floyd (si vous ne le faites pas déjà) et vous comprendrez ce que je veux dire.

D’ailleurs, vous l’avez peut-être remarqué si vous vous essayez à l’improvisation ?

Vous voulez essayer de prouver (aux autres et à vous-même) que vous savez faire, que vous connaissez ta théorie,

Et que vous pouvez, vous aussi, arriver à débiter 200 notes à la minute en restant dans les clous.

Mais la force d’un solo ne se joue pas sur la façon dont vous allez péter le record-mètre du plus gros plan shred.

Non, il se joue sur la qualité des notes que vous communiquerez.

Et on le sait, sur une majorité de choses, il vaut mieux privilégier la qualité à la quantité.

Alors, juste une petite astuce pour vous aider à surmonter ce problème :

Chantez haut et fort ce que vous jouez. Si vous n’êtes pas capable de le chanter, alors ce que vous jouez n’a aucune valeur, puisque VOUS-MÊME vous ne savez pas ce que vous voulez raconter.

Vous devez donc commencer par chanter des thèmes d’impro simples,

Et attendre que vous maîtrisiez ce que vous faites avant d’augmenter en vitesse et en déferlement de notes.

En bonus, ça vous apprendra à ouvrir vos oreilles,

À lier votre jeu à votre émotion personnelle,

Et à vous initier au chant !

2 petites anecdotes pour vous le prouver :

D’abord, le pianiste Keith Jarrett pouvait improviser pendant des heures mais, pour ça,

Il ne s’arrêtait jamais de chanter,

Si bien que ses « cris » devenaient assourdissants et gênants pour le public !

Ensuite, les instrumentistes à vent n’ont pas ce problème.

Saxophonistes, trompettistes, cornistes, tous ces instruments ont un point commun (et pas qu’un d’ailleurs…) :

Pour jouer, ils doivent reprendre leur respiration de temps en temps (sinon ils meurent bahwééé).

Et donc, leurs solos sont construits au rythme de leur respiration.

Eh bien, même si en tant que guitariste, pianiste ou violoniste, vous n’avez pas à souffler dans votre instrument pour jouer (ce qui serait plutôt étrange…),

Inspirez-vous de ces instruments pour rythmer votre solo,

Inspirez-vous de leurs respirations pour reprendre les vôtres et, pour cela…

Chantez !

Et grâce à ça, croyez-moi, les silences vont s’imposer d’eux-mêmes,

En vous obligeant à faire du tri dans ce que vous vouliez dire initialement.

Ayez donc foi en la puissance du silence.

Il nous donne une impression tellement spéciale dans notre vie quotidienne actuelle

Que vous pouvez en tirer une force monumentale si vous l’utilisez en alternance avec votre message,

Tant que l’un et l’autre sont mixés dans une certaine concordance rythmique.

Après tout, ne dit-on pas que le silence est d’or ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *