La Signature Rythmique

Découvrez la suite de l’article sur le binaire et le ternaire : la Signature Rythmique ! Sujet compliqué, mais que j’ai détaillé au mieux pour vous dans cet article. ?

Par :

Solfège

   Bienvenue dans ce nouvel article traitant du thème “La Signature Rythmique” !

Dans l’article précédent, je vous parlais du binaire et du ternaire

   De leurs différences, de la façon avec laquelle on construisait ces rythmes, de la valeur des notes indiquant le temps dans chacun des cas, ainsi qu’un tas d’autres informations

   Cependant, ces deux catégories de rythmes ne seraient rien sans leur ADN, sans leur identification, comme pour nous.

   C’est cette indication qui va nous permettre de déterminer avec précision la nature du rythme – binaire ou ternaire – et de quelles façons il va se décomposer au gré des mesures et du temps.

   Cette identification, c’est ce que l’on va appeler la signature rythmique.

   Une bien belle bête, mais… Kescecé Akoissassère ?

   Eh bien, pour le découvrir et savoir comment bien l’utiliser dans votre application quotidienne de la musique, lisez donc cet article jusqu’au bout ! Vous y apprendrez pas mal de choses indispensables pour bien assimiler le rythme en musique.

   C’est d’ailleurs un tout premier pas vers l’indépendance musicale !

   Mais je vous donnerai également des exemples bonus que l’on ne rencontre pas tous les 4 matins… Vous allez voir, ça va être sympa. ?

   Alors, sans perdre de temps, attaquons !

I. LE TEMPS FORT & LE TEMPS FAIBLE

   Tout d’abord, avant de parler directement de signature rythmique, j’aimerais arrêter votre attention sur une notion qui paraît innée pour certains, mais qu’il est pourtant indispensable de mentionner pour certains qui l’ignoreraient totalement, j’ai nommé le temps fort et le temps faible.

   Qu’est-ce que c’est donc qu’il s’agit-il ?

   En fait, ni plus ni moins de l’importance des temps dans une mesure.

   Ah ça vous dit toujours rien ?

   Bon alors, si je vous parle de valse… 1 2 3 // 1 2 3 // etc. Vous voyez de quoi je veux parler ?

   Vous entendez ce mouvement très célèbre qui vous donne envie de danser ? Eh bien, il s’agit d’un mouvement où chaque mesure est constituée de 3 temps.

   Cependant, vous ressentez bien que c’est à chaque fois le 1er temps qui est plus « fort » que les autres, sur lequel on a envie de s’appuyer et qui redonne l’impulsion à chaque nouvelle mesure ?

   Voilà, c’est ce que l’on appellera le temps fort ! Et du coup, les 2 autres temps restants de la mesure seront appelés, par opposition, les temps faibles. Oui, même dans la théorie de la musique, il y a des forts qui rackettent les faibles…

   Et ce modèle de temps forts et temps faibles est valable pour les 3 types de mesures principales que l’on connaît : les mesures à 2, 3 et 4 temps :

• Dans une mesure à 2 temps, c’est le 1er temps qui sera un temps fort et le 2nd temps qui sera un temps faible ;

• Dans une mesure à 3 temps, comme nous venons de le dire, le temps fort sera le 1er temps et les temps faibles les 2 suivants ;

• Enfin, dans une mesure à 4 temps, les temps forts seront le 1er et 3ème temps et les temps faibles… les 2nd et 4ème temps.

   La batterie dans le Rock fait d’ailleurs tomber la grosse caisse – plus grave et plus résonnante, donnant envie de taper dans nos mains – sur les temps forts que sont le 1er et le 3ème temps et la caisse claire – plus éclatante et qui donne naissance à beaucoup de roulements et de breaks qui sont là pour donner un rythme que nous ne battons pas lors d’un concert – sur les temps faibles, les 2nd et 4ème temps.

Voici un petit tableau récapitulatif des temps forts et temps faibles dans les mesures les plus courantes :

Tableau résumant le temps fort et le temps faible pour l'article "La Signature Rythmique"

   Maintenant, souvenez-vous, il existe des mesures à 2, 3 et 4 temps… en binaire et en ternaire !

   Mais attention ! Amalgame à ne pas faire : une mesure à 3 temps n’est pas forcément une mesure ternaire !

   Rappelez-vous : une mesure binaire – ou mesure simple – est une mesure au sein de laquelle tous les temps peuvent se diviser en des multiples de 2 et une mesure ternaire – ou composée, comme la salade – est une mesure dont chacun des temps peut se diviser par 3 !

   Si tout cela vous paraît abstrait, alors je vous invite très fortement à aller visiter mon article sur la différence entre le binaire et le ternaire.

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« Bon donc, en résumé, cela veut dire qu’il existe des mesures constituées de 2, 3 ou 4 temps et que, dans certaines, chaque temps peut se subdiviser en 2 ou 3 en plus de ça ? »

   Eh bien oui, c’est exactement ça.

Voici un exemple d’une mesure identique à l’écoute mais différente dans sa structure rythmique :

• La 1ère à 2 temps et ternaire – dont chaque temps se divise en 3;

• La 2nde à 3 temps et binaire – dont chaque temps se divise en 2.

Ce sera plus explicite afin que vous compreniez bien la différence.

Mesure à 2 temps en ternaire pour l'article "La Signature Rythmique"
Mesure à 3 temps en binaire pour l'article "La Signature Rythmique"

   Sympa de comprendre les différences théoriques de ce que l’on peut écouter, n’est-ce pas ?

   Et regardez : au début de chacun des extraits, il y a comme une « fraction » dessinée différente entre les 2… Eh bien, la signature rythmique, c’est ça.

   En réalité, il ne s’agit nullement de fractions.

« Ouf, je pensais qu’on allait faire des maths… »

   Alors… Oui, un peu…

« Heiiin ?? »

   Non mais attendez ne partez paaaas ! Je vous rassure tout de suite, tout est hyper simple à comprendre et tant que vous respectez les différentes étapes, vous n’aurez aucun problème.

   Pour comprendre le fonctionnement de la signature rythmique, le mieux est de commencer par le binaire puisque c’est plus simple que pour le ternaire.

   Allez, on s’y colle !

II. LA SIGNATURE RYTHMIQUE EN BINAIRE

   Dans une signature rythmique, le chiffre du haut indique simplement le nombre de temps qu’il y a dans la mesure. C’est donc lui qui permettra de dire si l’on est dans une mesure à 2, à 3 ou à 4 temps. Ça, c’est simple.

   Maintenant, en ce qui concerne le chiffre du bas, c’est une autre histoire.

   Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais dans les premiers chapitres de solfège dans lesquels on apprend la durée des notes, on tombe sur cet arbre :

Arbre des valeurs de notes pour l'article "La Signature Rythmique"

   Afin de mieux comprendre ce que je vais vous expliquer, il faut que vous considériez que la ronde est « l’unité suprême » qui n’a pas de valeur plus grande qu’elle. Du coup, cela veut simplement dire qu’il faudra 2 blanches, 4 noires, 8 croches ou 16 double-croches pour équivaloir la ronde !

   Eh bien, les chiffres que l’on obtient à gauche comme valeurs de division (1, 2, 4, 8, 16) seront les chiffres que l’on va mettre en bas de la signature rythmique, au « dénominateur », même si je le rappelle, ce n’est pas une fraction (c’est juste une façon plus simple de l’appeler).

  Et ces chiffres vont représenter directement les figures de notes qui sont représentées juste à côté ! Donc :

• Le 1 correspond à la Ronde ;

• Le 2 correspond à la Blanche ;

• Le 4 correspond à la Noire ;

• Le 8 correspond à la Croche ;

• Le 16 correspond à la Double-Croche ;

   Simple, déjà, non ?

   Bon eh bien, maintenant, lorsque l’on regarde une signature rythmique, voici comment il faut savoir la lire « littéralement » :

Fonctionnement de la signature rythmique pour l'article "La Signature Rythmique"

   Vous ne comprenez pas ? Je m’explique.

   Si je devais lire ce schéma, il faudrait dire qu’il y a (1) noires (2) dans la mesure (3) !

   C’est aussi simple que ça. Le nombre d’en haut indique le nombre de temps présent dans la mesure et le chiffre d’en bas représente la valeur de ce temps en valeur de figure de note.

   Dans les mesures de cette partition, nous pourrons donc écrire jusqu’à une valeur de 3 noires, soit une blanche pointée.

   Maintenant, je vous disais qu’il existe 3 grands types de mesures : les mesures à 2, 3 et 4 temps.

   Eh bien, étant donné que la noire est très souvent la valeur de référence du temps, les 3 signatures rythmiques associées à ces 3 mesures sont les suivantes :

Les 3 signatures rythmiques en binaire pour l'article "La Signature Rythmique"

Eh oui :

• 2/4 quand il y a 2 temps avec 2 noires dans la mesure ;

• 3/4 quand il y a 3 temps avec 3 noires dans la mesure (comme vu précédemment) ;

• 4/4, la signature rythmique la plus répandue dans le monde, quand il y a 4 temps avec 4 noires dans la mesure.

   Et c’est au niveau du 3/4 qu’il y peut y avoir confusion. C’est une mesure qui se bat en 3 temps mais dont chacun des temps – la noire – peut être divisée en 2, 4, 8… donc une mesure binaire ! Mais le ressenti de la mesure, lui, est plutôt ternaire du fait que la mesure, elle, est divisible en 3 temps.

Du coup, on n’est pas en ternaire comme le serait un blues en shuffle, mais bel et bien en binaire, et le ressenti est celui d’une valse comme évoqué en début d’article.

   Bon alors maintenant, comment écrit-on ce fameux ternaire dont je vous rabâche tant les oreilles ?

III. LA SIGNATURE RYTHMIQUE EN TERNAIRE

   C’est en effet un tout petit peu plus compliqué, mais ça reprend les notions basiques utilisées en binaire (bonne nouvelle !)

   La seule différence se situe au niveau du fait que, comme je vous l’ai rappelé, le temps peut se diviser en 3 et non plus en 2.

   Or, une noireblanchecroche était facile à couper en 2. Mais en 3, là c’est plutôt délicat, voire impossible (dans les mathématiques rigoureuses et justes de la musique) !

   Comment faire dans ce cas ?

   Eh bien, il existe en fait une solution afin de détourner ce problème… c’est d’attribuer une nouvelle définition au chiffre du bas de la signature rythmique ! Et c’est pour ça que c’est (un tout petit peuplus compliqué à assimiler.

« Mais bordel, qu’ils sont c****** ces musiciens !! »

   Ah ça… et vous n’êtes pas au bout de vos surprises !

   Non, plus sérieusement, bien que ça n’y paraisse, cette façon de faire est beaucoup plus logique et, une fois bien comprise, est beaucoup plus simple !

   Mais voyons de façon concrète comment cela fonctionne :

   Étant donné que l’on ne peut pas diviser des figures de notes « classiques » en 3 pour définir le temps, alors on va utiliser nos figures de notes… mais pointées !

   Eh oui, toute note pointée peut alors se diviser en 3 parts égales, qu’il s’agisse de noires pointées (3 croches), de blanches pointées (3 noires) ou de croches pointées (3 double-croches) ! Et là, le problème est résolu… mais un autre apparaît !

   En effet, comment faites-vous pour marquer ces notes pointées de façon « arithmétique » dans la signature rythmique, étant donné qu’en partant de 1, on ne peut pas trouver des nombres entiers si l’on divise par 3… ?

   Eh bien, du coup, tout ce que nous devons faire, c’est dire que le chiffre marqué en bas ne représentera plus le temps, mais… le TIERS du temps Le temps, lui, vaudra bien une valeur de note pointée, mais son tiers, lui, ne vaudra plus qu’une figure de note classique :

Tableau résumant le temps et le tiers de temps pour l'article "La Signature Rythmique"

   Il est donc beaucoup plus facile de reconsidérer la signature rythmique en utilisant le tiers du temps :

   Par exemple, si l’on a un morceau avec un tempo à la noire pointée – comme cela se fait généralement en ternaire – et qu’il y a 2 temps par mesure, alors nous aurons 2 noires pointées dans la mesure. Vous me suivez, jusque-là ?

Exemple de schéma rythmique en ternaire pour l'article "La Signature Rythmique"

   Or, comme nous sommes en ternaire, on ne s’attardera pas sur la valeur du temps, mais sur celle de son tiers la croche (puisque je le rappelle, 3 croches équivalent à une noire pointée).

   Maintenant, et ça, ça ne change pas, d’après notre arbre, la croche a pour chiffre représentatif le 8 !

   Du coup, si l’on a 2 noires pointées et que chacune d’entre elles est décomposable en 3 croches, nous aurons donc 6 croches dans la mesure !

   Du coup, de la même façon qu’en binaire, la signature rythmique sera indiquée comme sur le schéma ci-dessus : 6/8.

   Et là, je suis sûr qu’il y a quelque chose qui vous gêne dans tout ça mais que vous ignorez quoi… Vous devez sûrement vous demander :

« Mais pourquoi serions-nous en ternaire plutôt qu’en binaire ? Un 6/8 en binaire ne voudrait pas dire que nous aurions toujours 6 croches dans la mesure mais que le temps vaudrait cette fois la croche ? Donc il y aurait 6 temps, tout simplement ? »

   Et c’est à la fois vrai… et faux (vous vous en doutez bien)

   En effet, on pourrait le voir comme ça, bien entendu. Néanmoins, le principal dans la théorie, c’est de comprendre la liaison avec ce que l’on ressent en pratique… et en pratique, si l’on ressent que le temps peut se diviser en 3 parties égales, alors nous sommes en ternaire. Nous sommes avant tout humain, et nous réagissons subjectivement vis-à-vis de ce que nous écoutons.

   Mais pour les plus terre-à-terre qui attendraient une réponse plus rationnelle, j’ai ce qu’il vous faut, pas de panique.

   Effectivement, nous pouvons bien avoir 6 croches dans la mesure… mais, suivant la façon dont s’agencent les temps autour de ces 6 croches, le ressenti ne sera pas le même, et l’écriture sur la partition non plus !

   Regardez ces 2 images : sur la 1ère, les croches sont regroupées par 3 et sur la 2nde, elles sont regroupées par 2. Cela n’a AUCUNE incidence sur le rythme final écouté, mais cela permet au musicien de comprendre qu’il faudra qu’il regroupe les notes par 2 ou par 3 de sorte à (éventuellementappuyer les premières croches de façon plus prononcée et d’ainsi transmettre davantage le ressenti binaire ou ternaire.

Exemple de schéma rythmique en ternaire pour l'article "La Signature Rythmique"
Exemple de schéma rythmique en binaire pour l'article "La Signature Rythmique"

   Mais surtout, le plus important est ce qu’il y a de marqué tout en haut à gauche de la partition : le battement de la pulsation. Si la note auquel le BPM – battement par minute donné par un métronome – indiqué est pointée, alors nous serons en ternaire et sinon, nous serons en binaire, ni plus ni moins !

   Néanmoins, dans les morceaux plus anciens où le tempo n’était marqué que sous forme de termes italiens et non d’une valeur de BPM, il faudra alors regarder, comme expliqué plus haut, le regroupement des crochesdouble-croches et triple-croches pour voir de quelle façon il convient le mieux de comprendre la partition.

   Bon mais là, c’est seulement si vous vous posez un MAX de questions autour de la théorie pure. En pratique, sachez que, comme pour le binaire, entre 95% et 99% des musiques ternaires n’ont que 3 possibilités de signatures rythmiques qui vous permettront au premier coup d’œil de repérer si le morceau se joue en ternaire… ou en binaire !

   Et ces 3 signatures rythmiques sont :

Les 3 signatures rythmiques en ternaire pour l'article "La Signature Rythmique"

   Ce qui nous donne :

• 6/8 quand il y a 2 temps avec 2 noires pointées dans la mesure, soit 6 croches ;

• 9/8 quand il y a 3 temps avec 3 noires pointées dans la mesure, soit 9 croches ;

• 12/8, quand il y a 4 temps avec 4 noires pointées dans la mesure, soit 12 croches.

   En général, c’est la croche qui est définie comme étant le tiers de temps par défaut puisque c’est la noire pointée qui est le plus largement utilisée comme valeur du temps en ternaire, au même titre que la noire en binaire.

   Cependant, des signatures rythmiques en 6/4, 9/4 ou 12/4 sont tout à fait envisageables : dans ces cas-là, le tiers du temps sera défini par la noire, ce qui nous donnera la valeur du temps à la blanche pointée (qui vaut bien 3 noires !).

   Voilà, je pense que vous avez bien compris le principe. Retenez donc bien ces 3 signatures rythmiques pour le binaire et pour le ternaire et vous serez à même de maîtriser l’identification du rythme. Cependant, il existe d’autres signatures rythmiques un peu plus… asymétriques… que je vous propose de découvrir. Mais avant ça, téléchargez votre petit récapitulatif en PDF afin de mieux comprendre ces principes de « calcul » et, Ô, quels calculs n’est-ce pas :

IV. CAS PARTICULIERS DE SIGNATURES RYTHMIQUES

   Sachez qu’il existe des tas de signatures rythmiques « différentes » des 6 que je vous ai présentées jusqu’alors et qu’il serait long d’en faire le tour.

   En revanche, je vais vous parler d’un cas bien particulier que l’on rencontre notamment dans la Musique du Monde, dans le Jazz et dans… le Metal ! Et plus particulièrement dans le Metal Progressif de Tool ou de Dream Theater.

    Bon mais on va commencer doucement…

A. I LOVE ROCK N’ROLL – JOAN JETT & THE BLACKHEARTS

   Eh oui (Jamy), cette chanson que vous connaissez par cœur intègre bel et bien une asymétrie rythmique que l’on rencontre à la fin de l’intro et des refrains, juste avant les interludes. Écoutez donc à 0’10. La mesure est en 4/4 par défaut et se transforme en 3/4 juste à ce moment-là.

Extrait de la tablature de I Love Rock 'n' Roll de Joan Jett And The Blackhearts pour l'article "La Signature Rythmique"

B. THEME FROM MISSION: IMPOSSIBLE:

   Tin tin, tin-tin-tin… Oui, l’intro de ce générique mondialement connu de Mission: Impossible est conçu sur une signature rythmique particulière puisque nous ne sommes rien de moins qu’en 5/8 !

   Par la suite, cela se transforme en un 4/4 parfaitement habituel avec un ressenti « bousculé » par des croches pointées, mais l’intro, elle, ne comporte que 5 croches, d’où le 5/8 binaire. Écoutez par vous-même :

Extrait de la tablature de Mission: Impossible Theme pour l'article "La Signature Rythmique"

C. HEART OF GLASS – BLONDIE

   Pour continuer dans la lancée des tubes, voici un petit Blondie qui cachait bien son jeu… En effet, à 2’00, on écoute à 3 reprises une « précipitation » de la batterie. Et en effet,  il s’agit bien d’un changement de signature rythmique le temps d’une mesure…

   D’un 4/4 bateau, on passe sur un 3/4 juste le temps de ces mesures-là, lorsque c’est le synthé qui reprend le thème. Or, quand les membres du groupe reprennent le même thème au chant, les mesures restent en 4/4 pour plus de « stabilité ».

D. MONEY – PINK FLOYD

   Peut-être le rythme du célèbre Money de Roger Waters et de ses Pink Floyd a-t-il déjà contrarié votre oreille et vos sensations rythmiques ?

   Eh bien, ne cherchez pas plus loin ! Pendant une grande partie du morceau, la signature rythmique est en 7/4, c’est-à-dire qu’on trouve 7 noires dans chaque mesure… Chose peu courante.

   Pour ma part, j’ai souvent été partagé sur l’identité précise de cette signature rythmique… En effet, les tablatures que j’ai trouvées indiquent du 7/4 avec un tempo à la noire.. mais avec un triplet feel, ou swing

   Si vous n’avez pas consulté mon article sur le shuffle et que vous ignorez ce qu’est le swing, il s’agit en fait d’une indication permettant de transformer un rythme d’apparence binaire… en ternaire !

   Et ce, grâce à une règle simple : 2 croches ne se jouent plus de façon régulière mais plutôt en ♩ ♪ joués en triolet, soit en triolets de croches dont les 2 premières sont regroupées en une noire. Cela permet donc de transformer automatiquement toute la partition binaire en ternaire grâce à l’utilisation perpétuelle d’un triolet « imaginatif », si l’on peut dire ainsi.

   Mais si on n’utilisait pas le triplet feel, on pourrait dire dans Money qu’il y aurait 7 temps dont chacun comporterait 3 croches… ce qui nous donnerait donc du 21/8 !… et une impression de ternaire parfaite sur le papier.

   Mais bon, on apprend davantage aux musiciens blues, jazz, rock et funk à ressentir le shuffle et à faire plus ou moins « swinger » les croches quand elles sont écrites en binaire. Et du coup, ce morceau est bien en triplet feel, ce qui simplifie grandement l’écriture et qui rend le jeu des musiciens beaucoup plus « subjectivement spontané » ! (J’aime bien trouver des expressions à adverbes à rallonge)

   Bon allez, assez de blabla, écoutez donc cette beauté :

Extrait de la tablature de Money de Pink Floyd pour l'article "La Signature Rythmique"

E. BEAVER PATROL – JACO PASTORIUS

   Dans la suite, on pourrait également citer le Beaver Patrol de Jaco Pastorius avec son 11/8 extraordinaire :

F. SCHISM – TOOL

   Maintenant, dans le Metal Prog, si l’on met Dream Theater de côté, le morceau Schism de Tool met en œuvre un changement perpétuel de signature rythmique tout au long du morceau. Eh oui, tout comme il est possible de changer d’armure ou de tempo en plein milieu d’un morceau, il est possible de changer de signature rythmique à volonté ! Voyez par vous-même :

Extrait de la tablature de Schism de Tool pour l'article "La Signature Rythmique"

   Dans ce morceau, on assiste donc d’une part à un changement de signatures rythmiques ce qui est, avouons-le, peu courant… mais également à des signatures rythmiques « étranges » : 5/8 et 7/8.

   Et en effet, lorsqu’on écoute le morceau, on ne sait plus à quel moment le temps tombe et sur quel pied danser

   Déjà, le 5/8 et 7/8 sont des rythmes binaires où le temps se suppose à la croche car le 8 est en bas… mais se bat pourtant à la noire !

   Bon, je vous le dis, cela relève d’une maîtrise de théorie musicale assez poussée et nécessite des heures et des heures d’entraînement simplement pour comprendre ce qu’il se passe… Je vous laisse imaginer le nombre d’heures de pratique de ces musiciens qui ont composé ce morceaux et tous les autres !

   Mais en gros, pour faire simple, 5/8, ou 5 croches, n’est ni plus ni moins qu’un 4/8 (ou 2/4, soit un 2 temps à la noire) avec simplement une croche de rajoutée. Et de la même façon, le 7/8 est un 8/8 (ou 4/4, soit 4 temps) avec simplement une croche de retirée ! On compte donc à la noire, mais sur des valeurs de 2,5 temps et de 3,5 temps ce qui nous donne, au bout du compte, un rythme assez bancale. Oui, c’est assez étrange, comme je vous l’avait dit…

   Du coup, pour compter ça d’une façon assez simple, essayez de dire :

Décomposition du temps de Schism de Tool pour l'article "La Signature Rythmique"

   … avec le « et » qui ne vaudra qu’une croche, donc deux fois plus court que le battement des temps.

   Pour commencer, vous pouvez donc essayer de compter à la croche en faisant tourner en boucle pendant que vous écoutez le morceau puis, au fur et à mesure, ne dites en accentuant que les temps importants indiqués sur le schéma ci-dessus. Un exercice pas simple mais, du coup, très formateur.

G. METROPOLIS PT.1 : THE MIRACLE AND THE SLEEPER – DREAM THEATER

   Là, on rigole plus et on s’accroche.

   Êtes-vous prêt à ne plus rien comprendre à votre existence ?

  Savez-vous ce que virtuosité technique et maîtrise théorique signifient ?

   Si oui, alors vous êtes à des milliers de kilomètres loin derrière John PetrucciMike Portnoy et leurs acolytes.

   Si Dream Theater a su être un groupe de Metal Prog à la hauteur de sa légende, c’est grâce à des œuvres comme celle-ci qu’il a su atteindre des sommets et montrer que le rythme, eh beh, « c’est pas pour les branlos ».

   Une claque monumentale.

   C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai écouté ce morceau pour la première fois et que j’ai suivi simultanément la partie de guitare électrique de Petrucci !

   C’est pas compliqué, dans ce morceau, on ne dénombre pas moins de 11 signatures rythmiques différentes ! :

• 6/4 ;

• 5/8 ;

• 4/4 ;

• 7/8 ;

• 6/8 ;

• 13/16 ;

• 10/8 ;

• 8/8 ;

• 9/8 ;

• 19/16 ;

• 12/8.

   Plutôt impressionnant, n’est-ce pas ?

   Et ce n’est pas comme si ces changements n’apparaissaient qu’une seule fois… Au total, on peut compter 71 changements de signatures rythmiques tout au long du morceau étalés sur les 11 différentes énoncées !!! On passe donc du binaire au ternaire à la volée et inversement, comme à 4’12

   Vous avez intérêt à maîtriser votre connaissance du rythme, c’est moi qui vous le dit !

   Et pour rajouter de la facilité, durant les passages où l’on a l’impression que ça se stabilise, Mike Portnoy assure un jeu de batterie où les temps forts et faibles ne sont plus respectés, comme à 5’33 où les rythmes marqués par le groupe entier paraissent totalement décalés… mais pourtant bel et bien ensembles les uns avec les autres, alors que nous ne sommes qu’en 4/4, soit la signature rythmique la plus simple et la plus répandue au monde !! Et il arrive même à nous faire considérer du 6/8 – qui est normalement réservé au ternaire – comme étant du binaire… Incroyable !

   Ou bien est-ce John Petrucci qui lance des riffs pendant lesquels les notes principales – les plus aiguës qui ressortent davantage – créent d’elles-mêmes des rythmes asymétriques – renforcées par la Charley mi-ouverte de Portnoy – alors qu’à ce moment-là, la mesure n’est qu’en… 12/8 ! Soit du ternaire mais à 4 temps, donc simple à concevoir et assez répandu dans le monde de la musique. Et pourtant…

   Rajoutez à cela une forte maîtrise de l’harmonie – notamment lors de l’harmonisation guitare électrique-synthétiseur à 5’49, une technique du vibrato parfaitement maîtrisée et une virtuosité hors-paire et vous obtenez… Dream Theater, il n’y a pas d’autres qualifications.

   On écoute même une descente de gamme pentatonique blues avec la blue note avant l’interlude du Solo 2 de guitare à 6’14… Un vrai régal.

   Bon allez, on ne m’arrête plus. Écoutez donc par vous-même, vous vous en rendrez davantage compte. Mais par pitié, écoutez-le en entier, même s’il fait presque 10 minutes. Il faut que vous puissiez comprendre l’ampleur des capacités artistiques déployées durant ce morceau, c’est important pour vous et votre carrière de musicien, bien que cela puisse paraître compliqué à discerner à la première écoute.

   Si vous êtes un habitué des tablatures et que vous souhaitez suivre les événements en directvoici la tablature juste en dessous. Cela vous permettra de vous prendre une plus grande claque encore :

Extrait de la tablature de Metropolis Part1: The Miracle And The Sleeper de Dream Theater pour l'article "La Signature Rythmique"

   Maintenant que vous maîtrisez parfaitement la notion de signature rythmique par cœur, vous êtes fin prêt pour la vidéo sur le sujet que j’ai réalisée à cette occasion.

   Elle vous servira de gros complément et vous permettra de confirmer vos acquis sur le sujet afin de devenir incollable sur ces notions parfois compliquées dissimulées par le rythme.

   Si avec ça, vous êtes pas calés sur le sujet…

   Cliquez donc ci-dessous pour voir la vidéo.

   Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, et je vous dis à tout de suite pour un nouvel article passionnant sur la musique.


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   Découvrez maintenant les autres articles dans la même thématique : « Apprendre À Lire Une Partition», « Rythme Binaire et Ternaire » et « Apprendre Le Shuffle ».

10 Replies to “La Signature Rythmique”

  1. lavegane974 dit :

    Wow quel article! Pointu avec des exemples clairs pour illustrer les propos! 🙂

  2. Gabrielle dit :

    Eeeeh bah, alors que pensais avoir bien tout compris, la chanson qui te donne tant d’émoi m’a achevée. Quel bordel ! Oui je sais, je ne suis qu’une âme impie méritant le bûcher ?
    En tout cas tes explications sont vraiment au top, merci !

    • Antoine Bidet dit :

      Ahah t’as vu elle est terriiible ! Je connaissais Dream Theater, mais comme c’est assez spécial et technique le Prog, je ne m’y étais pas vraiment arrêté plus que ça, et là… Poua !
      En tout cas merci pour ton commentaire!

  3. Philippe dit :

    Hello Antoine,
    Merci pour cet article passionnant.
    J’ai tenté à plusieurs reprise de télécharger le PDF mais je ne reçois jamais le lien…
    Y-a-t-il un problème ?
    Merci d’avance

  4. Steve dit :

    Tenter de déchiffrer les signatures rythmiques d’un morceau de Dream Theater,c’est s’exposer à un risque de rupture d’anévrisme ou d’AVC…C’est pourtant un de mes groupes favoris ? Super article,j’avoue que je galère encore grave sur la lecture et le déchiffrage de certains rythmes bizarres et inhabituels mais grace a toi la lumière au bout du tunnel commence à apparaître!

  5. […] quelques bases théoriques, vous devez savoir que dans la plupart des morceaux (en fonction de la signature rythmique) un temps peut être écrit […]

  6. […]  Du coup, pour tout savoir à ce propos, je vous redirige vers l’article en question pour que vous puissiez le consulter à la fin de celui-ci. Pas d’inquiétude, pour ne pas […]

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