Les Silences en Musique

Les silences en musique sont des éléments plus qu’importants. LE Silence en lui-même est indispensable. Je vous explique tout juste ici, avec la théorie des figures de silence et à quoi ils servent exactement dans la composition d’un morceau ?

Par :

Solfège

Bienvenue dans cet article sur le thème : « Les Silences En Musique ».

Les silences en musique sont d’une utilité fondamentale, au même titre que les notes. Sans silence, la musique n’existerait tout simplement pas. Paradoxal, n’est-ce pas ?

Voilà pourquoi, dans cet article, je vais faire pour vous l’ensemble des silences qui existent et je vais vous expliquer exactement leur utilité dans la musique, dans les faits.

I. LES FIGURES DE SILENCE

Tout d’abord, pour vous détailler les silences en musique qui existent et que l’on peut trouver sur une partition, revoyons ensemble les différentes figures de note :

Tableau des figures de notes pour l'article "les silences en musique"

Pour l’instant, rien de très compliqué.

Si on répertorie ces différentes figures de notes en forme d’arbre, on obtient ceci :

Arbre des valeurs de notes pour l'article "La Signature Rythmique"

Ça se comprend plutôt bien : dans une ronde, on aura deux blanches. Dans une blanche, on aura deux noires, et ainsi de suite. De cette façon, vous pouvez savoir exactement comment composer une mesure à 2 temps, 3 temps ou 4 temps, simplement en utilisant ces différentes figures de notes et en les agençant pour qu’au final, vous obteniez précisément le nombre de temps que vous recherchiez.

D’ailleurs, si vous débutez en musique et que toutes ces notions de temps, de mesure et de signature rythmique vous semblent encore un peu floues et que vous souhaitez enfin comprendre comment fonctionne la musique de A à Z et ainsi vous débarrasser de la vision du solfège comme étant la « bête noire » qui vous empêche d’avancer, je vous propose de télécharger dès maintenant mes livres : L’Essentiel de la Musique au Piano et à la Guitare (mais applicables à n’importe quel instrument) et L’Oreille « Absolue » Pour Tous.

Et grâce à ces livres, vous maîtriserez une bonne fois pour toutes toutes les bases théoriques, vous comprendrez par quels principes il est possible de développer son oreille et vous pourrez, vous aussi par la suite, retrouver n’importe quelle mélodie, n’importe quel accord à l’oreille.

Alors, si l’un de vos objectifs est de pouvoir rejouer toutes les chansons que vous écoutez à l’oreille sans utiliser de partition, renseignez simplement les 2 champs requis et je vous envoie ces 2 livres dans la minute… et gratuitement, s’il vous plaît ! ?

Bon. Maintenant, passons à ce qui nous intéresse : les silences en musique.

Le principe est le même. Mais genre, le même-même, sans exagérer. En gros, chaque figure de notes possède son équivalent en figures de silences. Permettez-moi de vous faire donc un petit état des lieux :

A. LA PAUSE

Pour commencer, vous avez la pause, qui, sous ses aires de chapeau à l’envers, n’est autre qu’un petit rectangle posé sous la 4ème ligne de la portée. Sa durée est la même que la ronde, soit 4 temps :

Symbole et temps de la pause pour l'article "les silences en musique"

Cependant, la pause est le seul silence à posséder une particularité particulière. Mais comme c’est l’objet du 3ème point de cet article, je vous en cause un peu plus bas…

B. LA DEMI-PAUSE

Ensuite, la petite sœur de la pause, c’est la demi-pause. Pourquoi « petite sœur » ? Parce que visuellement, c’est un « chapeau à l’endroit » ! Plus précisément, il s’agit d’un petit rectangle que l’on va poser sur la 3ème ligne de la portée. Autrement dit, lorsque l’on écrit la pause et la demi-pause l’une à côté de l’autre, on croirait être en présence d’une stalactite (pour la pause) et d’une stalagmite (pour la demi-pause)…

La demi-pause, c’est l’équivalent de la blanche, elle vaut 2 temps :

Symbole et temps de la demi-pause pour l'article "les silences en musique"

C. LES SILENCES EN MUSIQUE : LE SOUPIR

On passe ensuite au soupir. En tant qu’équivalent de la noire et valant donc 1 temps, il est le seul silence qui se distingue des autres… Enfin, presque.

Symbole et temps du soupir pour l'article "les silences en musique"

En réalité, il y a toujours eu 2 façons d’écrire un soupir sur une partition. Et aujourd’hui, la 1ère façon est utilisée pour l’écriture informatique tandis que la 2nde forme est employée pour l’écriture manuscrite. Ces 2 formes, les voici :

Représentation du soupir en forme informatique et manuscrite pour l'article "les silences en musique"

C’est vrai que le soupir de gauche n’est pas évident à écrire à la main… Du coup, vous pouvez vous rabattre sur l’autre écriture pour que ce soit plus facile et rapide. ?

Mais c’est à double-tranchant. Pourquoi ? Vous allez voir…

D. LE DEMI-SOUPIR

Le demi-soupir. À partir de celui-là, les silences en musique sont tous calqués sur le même schéma. Mais là où il est piégeur, c’est qu’il se laisse confondre avec le soupir écrit de façon manuscrite. En effet, l’un est la symétrie de l’autre sur le plan vertical :

Symbole et temps du demi-soupir pour l'article "les silences en musique"

Demi-soupir, demi-temps, équivalence de la croche, tout simplement. Pour s’en rappeler, il suffit de regarder combien il possède de petites « couettes » à son extrémité : autant que la croche possède de « crochet », appelé plus justement « la durée ».

Vient ensuite toute la fricassée des autres fractions de temps en mode silences : Quart-de-soupir, Huitième-de-soupir, Seizième-de-soupir, etc.

E. LES FRACTIONS DE SOUPIRS

Pour le coup, ce n’est pas très compliqué pour le nom, même si ça ne paraît pas. La double-croche ? Un quart-de-temps. Son équivalence : le Quart-de-soupir.

La triple-croche ? Un huitième-de-temps. Équivalence : le Huitième-de-soupir.

Quadruple-croche : seizième-de-temps pour un Seizième-de-soupir !

Et encore une fois, le silence correspondant possède autant de « couettes » que la note équivalente possède de durées :

Symbole et temps des quart, huitième et seizième de soupir pour l'article "les silences en musique"

Maintenant que vous avez compris comment fonctionnaient les silences en musique les uns avec les autres et leurs équivalences avec les notes, je vais vous expliquer précisément l’importance du silence dans la musique.

II. L’IMPORTANCE D’UTILISER LES SILENCES EN MUSIQUE

Pour exister, la musique a besoin de plusieurs choses. Et la première des choses, c’est l’air. Oui, l’air. Pourquoi ?

Parce que sans air, le son en lui-même n’existerait pas. Et d’un point de vue totalement physique, la musique n’est rien d’autre qu’une coordination réfléchie, ciblée et précise de la maîtrise des fréquences composant l’élaboration du son. Demandez à Walter O’Brian ou à Sheldon Cooper ce qu’ils en pensent et ce qu’ils pensent de « l’art » en général, et vous verrez bien. ?

Cependant, si j’ai commencé par vous parler de l’air en tout premier lieu, c’est qu’il y a une belle analogie à comprendre avec celui-ci.

D’après vous, pourquoi et comment la vie peut-elle exister, en toute objectivité ? Comment la matière peut-elle être créée ? Je vous le donne en mille : grâce au vide. Le vide spatial, absolument.

Réflexion philosophique, je vous le conçois. Mais en soit, à l’échelle musicale, on peut y voir une belle métaphore. Oui parce que bon, ici, on est là pour parler musique, et pas physique.

Néanmoins, en physique, là où le vide est d’une importance capitale pour faire prospérer la matière, la musique peut être créée grâce aux notes et aux silences. Et je dirai même plus Dupont : grâce au Silence de façon générale.

L’utilité principale du silence, c’est de rythmer la musique. Sans silence, la musique ne serait qu’un flux continu de notes qui ne cesserait de couler sans aucun barrage pour le retenir.

Et comme le dit si bien André Manoukian, « Si on part sur un flux et qu’on l’interrompt par du silence, d’un seul coup, il y a une histoire qui est racontée. ». Si vous souhaitez voir sa vidéo en entier sur le sujet, je vous invite à le faire par ici.

C’est la césure du son et ses rebondissements qui modèlent une musique et qui lui attribuent son caractère. Prenez par exemple le Metal : les guitaristes utilisent souvent des riffs très « coupés » dans leurs parties rythmiques, accompagnés par le bassiste et assez souvent par la grosse caisse de la batterie. Et c’est ce qui fait la particularité du style. Dans les instrus Rap, il ne s’agit pas de coupure totale à proprement parler, mais plutôt de rupture au niveau de la basse, du fameux 808 qui rend si fou.

Bref, vous l’aurez compris, je pourrais vous faire une dissertation complète sur le sujet, bien que je n’ai obtenu qu’un 9 au bac de philo… Mais bon, quand il s’agit de musique, ça pourrait durer toute la nuit. ?

Alors, pour clore sur les silences en musique, laissez-moi vous parler de quelques anecdotes et particularités concernant ces petites bêbêtes.

III. PARTICULARITÉS CHEZ LES SILENCES EN MUSIQUE

A. LE SILENCE DE JOHN CAGE

John Cage, un compositeur contemporain, a composé un morceau qui est devenu célèbre dans l’histoire de la « musique ». Pourquoi « musique » entre guillemets ? Tout simplement parce qu’aucun son ne doit être produit pendant l’interprétation de cette œuvre. 4’33’’, c’est son nom. Oui, parce qu’il s’agit de quatre minutes et trente-trois secondes de silence.

Un peu déjanté, le bonhomme ? Hum, plutôt contemporain, je dirai. Le but : inclure les marques de présence des auditeurs dans l’interprétation du morceau. Un bon raisonnement en soit. Lorsque l’on se retrouve en tant que public devant quelqu’un en train de jouer, on ne peut pas s’empêcher de faire du bruit : raclement de gorge et reniflements, bruit des sièges qui bougent, etc.

Une belle leçon de vie qui ne laisse pas indifférent : 4’33, John Cage.

B. LES FONCTIONS CACHÉES DE LA PAUSE

Parmi tous les silences en musique, la pause est, comme expliqué plus haut, celui qui durera le plus longtemps. 4 temps, comme la ronde. Mais la pause ne possède pas que cette fonction.

En effet, elle sert également de symbole abrégé pour représenter le silence sur une mesure complète, peu importe la valeur de la signature rythmique.

Après tout, la valeur de la pause étant de 4 temps, si on place une pause dans une mesure et que celle-ci accueille précisément 4 temps (comme en 4/4), alors il faudra se taire pendant les 4 temps, soit durant toute la durée de la mesure. Mais si l’on a des mesures à 2 ou 3 temps, c’est la même chose.

Oui, chose étrange : on nous a toujours dit qu’il ne fallait pas dépasser la valeur de la mesure, et là, on peut insérer une pause dans une mesure à 2 temps, alors qu’il serait interdit d’y mettre une ronde !

C’est simplement dû au fait que, dans ces cas-là précisément, la pause n’est pas le « silence pause », mais le « symbole pause » qui indique de ne pas jouer pendant toute la mesure.

Pourquoi procéder de la sorte et rajouter des exceptions ? Parce que souvent, lorsque plusieurs instruments jouent ensemble, certaines sections du morceau vont demander à exclure un ou plusieurs instruments, et ce pendant – parfois – un bon paquet de mesures.

Alors, s’il s’agit de mesures à 4 temps, ça ne change pas grand-chose. Mais si vous êtes en présence de mesures à 3 temps et que la main gauche du piano ne doit pas jouer pendant 6 mesures, vous préférerez lire 6 pauses à la suite plutôt que 6 fois le combo « demi-pause et soupir » qui serait un peu indigeste. Et même pour le compositeur, c’est plus simple à écrire.

Après, vous pouvez même aller jusqu’à écrire un bâton de pause, où je vous en parle plus précisément dans mon article sur les types d’abréviation musicale.

Voilà pour la pause. Revenons maintenant aux autres silences.

C. LES PROLONGATIONS DE SILENCES

La seule chose que j’ai à dire à ce sujet, c’est qu’à la différence des notes qui peuvent se rallonger en les reliant entre elles par des liaisons de prolongation, les silences s’ajoutent simplement les uns à la suite des autres, peu importe l’ordre, tant qu’ils permettent d’obtenir le temps pendant lequel on ne doit pas jouer. C’est bien logique : pour faire durer un silence un peu plus longtemps, on ne peut pas faire des « liaisons de silences ». En revanche, on peut fermer sa g***** un peu plus longtemps. ?

Assortiment de plusieurs silences à la suite pour l'article "les silences en musique"

Par contre, le système du point, quant à lui, fonctionne toujours de la même façon qu’avec les figures de notes. Un soupir pointé vaudra 1 temps et ½, une demi-pause pointée vaudra 3 temps, etc.

D. LES SILENCES EN MUSIQUE DANS LES LIGNES MÉLODIQUES

Dernier petit point sur les silences en musique : l’écriture sur plusieurs lignes mélodiques. Vous l’aurez remarqué, chaque silence s’écrit d’une façon unique et à un endroit en particulier.

La pause et la demi-pause s’écrivent entre la 3ème et la 4ème lignes de la portée et les soupirs, demi-soupirs et autres joyeuseries rythmiques s’écrivent le plus au milieu de la portée, à cheval sur les 2nde, 3ème et 4ème lignes. C’est comme ça, et c’est gravé dans le marbre.

En revanche, il arrive parfois – et surtout au piano – qu’une main se mette à jouer plusieurs lignes mélodiques à la fois. Il s’agit en fait de plusieurs « thèmes » réunis sur une seule et même portée, car joués avec une seule et même main. C’est d’ailleurs le procédé qu’utilisent les pianistes qui réarrangent des morceaux d’un autre style pour une version piano solo. Et forcément, si l’on souhaite garder un maximum d’éléments de la musique originale, certaines voix doivent être rassemblées sur une seule et même portée, puisque nous n’avons que 2 mains.

Eh bien, dans ces cas-là assez exceptionnels, les silences peut se retrouver « décalés » de la place qu’ils occupent traditionnellement.

En effet, si une voix mélodique joue un thème dans les aigus (notes en haut de la portée) et qu’une autre joue un autre thème dans les graves (notes en bas de la portée), alors les soupirs apparaissant à chaque fois devront être le plus en face possible des notes de la ligne mélodique à laquelle ils appartiennent. Comme ceci :

Juxtaposition de 2 voies mélodiques avec silences décalés pour l'article "les silences en musique"
En bleu, la ligne mélodique aiguë, et en rouge, la ligne mélodique grave.

Et c’est dans ces cas-là que vous croiserez donc des demi-pauses posées sur la 1ère ligne de la portée, ou encore des soupirs écrits dans la marge blanche supérieure.

Si ça arrive, ne prenez pas peur. Respirez un bon coup et demandez-vous si vous ne seriez pas en présence de 2 lignes mélodiques (ou plus !).

Voilà, j’espère que cet article sur les silences en musique vous aura permis d’en savoir un peu plus sur le sujet. ?

En tout cas… Silence ! Ça joue…

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6 Replies to “Les Silences en Musique”

  1. Boris dit :

    Bonjour,
    Merci pour ces explications mais connaissez-vous l’origine de l’utilisation des silences dans la musique ? Quand sont-ils apparus ?
    Je connais bien le grégorien mais on ne peut pas parler de silence : il s’agit au mieux du passage d’une phrase à une du texte chanté.
    À quelle époque est donc apparu le silence comme marqueur rythmique décorélé du texte ?

  2. GIORGI dit :

    Bonjour,
    J’ai 71 ans et suite au Covid qui m’embrouille un peu la mémoire j’ai décidé de me remettre au piano après plus de 50 ans de….pause. Je trouve vos explications très claires pour moi qui ai toujours eu des difficultés avec le solfège. Il faut dire que quand j’ai commencé à l’âge de sept ans ma prof ne nous faisait pas faire beaucoup de solfège. Il fallait faire à « l’oreille » comme elle disait. Donc beaucoup de carences et je suis ravie d’être tombée par hasard sur vos explications. Maintenant y’a plus qu’à ?

  3. Os dit :

    Je pense que de nos jours, nous n’avons plus l’habitude d’entendre des silences saillants, que ce soit en musique ou dans la vie de tous les jours. Or, comme Paul Claudel disait : le sens des mots (et de la musique, je me permets) résonne dans le blanc. À propos de l’apprentissage, pensez-vous que pour les enfants, il soit adapté de pratiquer avec un jeu de cartes pour apprendre la musique, d’abord ? Merci pour votre retour !

    • Antoine Bidet dit :

      Très belle citation, avec beaucoup de sens et de vérité en effet !
      Alors avec un jeu de cartes je ne sais pas, pourquoi pas ? Le tout est que cela doit rester ludique pour l’enfant : qu’il puisse mémoriser ce qu’il comprend (dans les explications, dans le visuel, dans l’écoute, dans le toucher, etc.), et que cela puisse résonner en lui et le faire avancer. Mais chaque enfant est différent, et certains pourraient ne pas être réceptifs à cette méthode, c’est à voir. 🙂

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