Double Dièse & Double Bémol

Le double dièse et le double bémol, ça vous parle ? Ces altérations un peu différentes ont un vrai rôle à jouer, et je vous explique lequel juste ici :

Par :

Solfège

Bienvenue dans ce nouvel article dans lequel je vous parle du « double dièse » et du « double bémol ».

À quoi correspondent exactement ces double altérations ?

Où les rencontre-t-on, et comment les joue-t-on ?

Voilà pourquoi, dans cet article, je vous montre ce que représentent exactement ces notions de double dièse et de double bémol et ce à quoi elles servent.

C’est parti !

I. RAPPEL SUR LES ALTÉRATIONS

Avant de commencer à vous parler de double dièse ou de double bémol, laissez-moi vous rappeler quelques notions fondamentales sur les altérations.

Pour faire très court, il existe 3 types d’altérations et 2 cas dans lesquels on va les trouver.

A. LES 3 ALTÉRATIONS

Vous vous en doutez sûrement, les 3 altérations sont :

  • Le dièse ;
  • Le bémol ;
  • Le bécarre.

Le rôle du dièse, c’est d’augmenter légèrement la hauteur d’une note, d’un demi-ton pour être plus précis. Un Do# sera donc plus aigu qu’un Do.

À l’inverse, le rôle du bémol est d’abaisser la note d’un demi-ton. Ainsi, un Lab sera plus grave qu’un La.

À savoir qu’un même son peut être qualifié sous 2 noms différents : Un Do# sera la même note qu’un Réb, comme on peut le voir sur ce schéma :

Do# et Réb en tant que notes enharmoniques pour l'article "Les Altérations En Musique"

En effet, il s’agit de la même touche sur un clavier de piano et sur le manche d’une guitare, mais les instrumentistes à cordes frottées (qui possèdent des manches fretless comme le violon, le violoncelle ou la contrebasse) et à vent (saxophone, trompette, flûte) vous diront que ce n’est pas exactement la même note, les 2 notes étant séparées d’un comma. C’est vrai, il y a une très légère différence qui peut être inaudible pour certains, et physiquement, ça ne correspond pas à la même chose. Mais bon, pour moi et pour les autres mortels de ce monde, nous partirons du postulat qu’il s’agit de la même note. ?

Le fait est que, de toutes façons, dès le bécarre pointe le bout de son nez, l’altération en question est automatiquement annulée, qu’il s’agisse d’un dièse ou d’un bémol. Par exemple, si vous avez un Do# suivi d’un Do bécarre, alors ce dernier sera un Do « normal ».

Et c’est là qu’on en vient aux 2 situations dans lesquelles on rencontre des altérations…

B. LES 2 SITUATIONS D’UTILISATION DES ALTÉRATIONS

1. L’ARMURE

L’armure, c’est en quelque sorte l’ADN (ou le squelette) de la musique, si on peut dire.

Il s’agit de l’ensemble des altérations que l’on rencontre à la clé, soit les altérations que l’on va devoir respecter tout au long de la partition.

Par exemple, si vous avez 3# à l’armure, alors, grâce à l’ordre des dièses et des bémols, vous saurez qu’il s’agit des dièses Fa, Do et Sol. Ainsi, tous les Fa, Do et Sol que vous rencontrerez devront être automatiquement joués en Fa#, Do# et Sol#, et ce afin d’assurer la concordance et l’harmonie du morceau. Pour que ce soit plus mélodieux, en quelque sorte.

Vous pouvez essayer : prenez un morceau qui ne possède ne serait-ce qu’un ou 2 dièses ou bémols, et ne prenez pas compte de ces derniers… Vous verrez, ce n’est pas très joli !

Voilà pourquoi l’armure permettra de déterminer la tonalité du morceau, soit l’ensemble des règles à respecter pour « ne pas faire de fausse note », en disant ça simplement. ? C’est également grâce à elle qu’on peut, par la suite, trouver des accords qui sonnent bien les uns avec les autres et qui fait que la musique est agréable !

Si vous souhaitez enfin comprendre comment fonctionne la musique de A à Z et ainsi vous débarrasser de la vision du solfège comme étant la « bête noire » qui vous empêche d’avancer, je vous propose de télécharger dès maintenant mes livres : L’Essentiel de la Musique au Piano et à la Guitare (mais applicables à n’importe quel instrument) et L’Oreille « Absolue » Pour Tous.

Et grâce à ces livres, vous maîtriserez une bonne fois pour toutes toutes les bases théoriques, vous comprendrez par quels principes il est possible de développer son oreille et vous pourrez, vous aussi par la suite, retrouver n’importe quelle mélodie, n’importe quel accord à l’oreille.

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Maintenant, on passe aux altérations accidentelles.

2. LES ALTÉRATIONS ACCIDENTELLES

Comme je vous l’avais expliqué dans mon article sur le sujet, les altérations accidentelles sont des altérations qui sont rajoutées aux notes pendant le morceau, et qui peuvent l’être à tout moment. Un Mib par ci, un Si bécarre par là, un Sol# ici, etc.

Il s’agit généralement d’altérations qui ne sont pas présentes à l’armure, ce qui leur donne des aspects de « fausses notes » alors qu’en réalité, elles participent, de par leur subtilité (et la réflexion de leur utilisation), à l’enrichissement de lignes mélodiques ou accompagnatrices.

Mais il peut tout à fait arriver que, par exemple, l’un des dièses – prenons le Fa# – à l’armure soit « bécarrisé » et que, juste après, le compositeur ait souhaité revenir sur le Fa# initial tel qu’il était marqué à l’armure. Dans ce cas, le dièse que l’on viendra rajouter sera considéré comme une altération accidentelle (puisqu’elle n’a pas d’autre choix que d’être indiquée pour que le procédé fonctionne), même s’il s’agit quand même, de base, d’un dièse de l’armure. Vous voyez la subtilité ? ?

Voilà, c’était un très court résumé sur le sujet, sans schéma ni extraits audio pour vous l’expliquer en détail. Mais si vous souhaitez en savoir plus, je vous explique, encore une fois, tout dans mon livre que vous pouvez télécharger juste au-dessus, mais également dans cet autre article que j’ai écrit sur le thème des altérations et qui vous explique tout en détails :

Mais maintenant que vous avez mieux compris comment fonctionnait les altérations accidentelles, je vais vous expliquer ce en quoi consiste le double dièse et le double bémol, et pourquoi ils sont là !

II. DOUBLE DIÈSE ET DOUBLE BÉMOL

En effet, le double dièse et le double bémol sont des altérations accidentelles dans le sens où elles n’apparaîtront jamais à l’armure, mais simplement au sein d’une partition. Peut-être que vous vous en doutiez, mais il convenait de le préciser au cas où. ?

Tandis que le double bémol ressemble… Ben, à 2 bémols collés l’un à l’autre… ? … Le double dièse, lui, est un peu plus différent. Et comme pour les dièses et les bémols, ils viennent se placer avant la note concernée, à la même hauteur que celle-ci. Regardez par vous-même :

Image d'un double dièse et d'un double bémol pour l'article "le double dièse"

Mais concrètement, quand une note est touchée par un double dièse ou par un double bémol, que faut-il jouer exactement ?

Eh bien, si vous reprenez la définition d’un dièse et d’un bémol standard, vous vous souviendrez que l’action de l’une de ces 2 altérations augmente ou diminue une note d’un demi-ton !

Do# est la touche noire située à un demi-ton au-dessus du Do, et Lab est la touche noire située un demi-ton en-dessous du La. Jusque-là, on est bon.

Mais si vous jouez Mi#, Fab, Si# ou Dob, que jouerez-vous ? Eh bien, la note se situant à un demi-ton en-dessous ou au-dessus.

En gros, un Mi#, c’est la même touche que le Fa. Le Fab, c’est un Mi, Le Si#, c’est un Do, et le Dob, c’est un Si :

Notes enharmoniques équivalentes pour l'article "le double dièse"

Du coup, un double dièse aura l’effet de 2 dièses rajoutés à la note d’origine, soit une augmentation de 2 demi-tons ! Un Sol double dièse sera donc la même touche qu’un… La ! Mais son vrai nom ne sera pas La mais bien Sol double dièse.

Et il en va de même pour les double bémols. Un Mi double bémol équivaudra à jouer un Ré :

Ré et Mibb équivalents pour l'article "le double dièse"

Plutôt simple, en réalité, non ? Mais la vraie question à se poser, c’est… À quoi est-ce que cela sert-il donc, mon bon monsieur ? Pourquoi ne pas appeler un chat un chat et s’embêter à utiliser des altérations compliquées pour… rien, au final ?

En réalité, vous allez voir que c’est un petit peu plus compliqué que ça… Rien de méchant, non plus. Mais suffisamment pour que ça ait son utilité. ?

III. L’UTILITÉ DU DOUBLE DIÈSE (ET DU DOUBLE BÉMOL)

Tout d’abord, revenons sur les intervalles. Tierces Majeures, Quintes Justes, Sixtes mineures, Septièmes diminuées… Tout ça, ça vous parle ?

Encore une fois, si ça ne vous dit rien, je vous explique tout en détail dans mon livre sur l’Essentiel des Bases de la Musique, quelques pages après mon explication sur les altérations et le demi-ton.

Mais partons du principe que tout ça, vous maîtrisez. Après tout, vous faites des recherches sur les double altérations. Ça signifie donc que vous devez avoir le niveau suffisant pour toucher à des morceaux qui tricotent un peu, ou du moins qui possèdent une armure riche en dièses ou en bémols. Et justement, je vais y revenir juste après.

Eh bien, si je vous demande, en partant du Do (faisons simple), de me construire une Septième mineure ascendante, vous me dites ?… Sib, on est d’accord. ? Oui, Septième Majeure = Do – Si (11 demi-tons), donc Septième mineure = Do – Sib (10 demi-tons).

Bon, et maintenant, si je vous demande une Septième diminuée… Là, vous me dites ?… Eh oui, Sibb (Si double bémol) ! On va simplement enlever un demi-ton supplémentaire à la Septième mineure, ce qui nous donnera 9 demi-tons. Et 9 demi-tons, c’est l’équivalent de l’intervalle de Sixte Majeure, soit Do – La. Et en effet, sur le clavier, un La et un Sibb sont la même touche !

Là où il faut faire attention, c’est de respecter au départ le nom de l’intervalle. Si je vous demande une Septième en montant en partant du Do, alors il s’agira de l’intervalle Do – Si. Sibb, Sib, Si bécarre, Si#, Si##, peu importe. C’est un SI.

Après, il suffit de compter le nombre de demi-tons à enlever ou à rajouter en partant de l’intervalle de référence Do – Si, la Septième Majeure. Une Septième diminuée est moins grand de 2 demi-tons par rapport à cette dernière, alors elle ne fera plus 11 demi-tons, mais plus que 9, et il s’agira donc de Do – Sibb.

Vous comprenez un petit peu mieux le principe ?

En soit, je pense que oui. Mais au final, on revient au même problème que précédemment : pourquoi utiliser des intervalles compliqués (Septième diminuée) lorsque l’on peut utiliser des intervalles plus simples (Sixte Majeure) ?

En fait, le problème est du même ordre.

Comme je l’ai rapidement évoqué plus haut dans cette dernière partie, les double altérations et les intervalles diminués apparaissent la plupart du temps dans les morceaux où l’armure est très riche.

Par exemple, si vous avez une armure avec 6#, vous n’avez donc que Si qui n’est pas concerné par les dièses. Mais imaginez-vous : MÊME le Mi est par défaut un Mi# !

Alors, maintenant, si dans ce morceau bourré de dièses, je vous demande de me jouer un Sol non altéré, comment allez-vous l’écrire sur une partition ? Étant donné que le Sol est à la clé, on pourrait présupposer utiliser un bécarre, tout simplement !

Mais l’autre solution, c’est d’utiliser la carte Fa double dièse.

Une différence notable ? À l’écoute, pas vraiment, non, voire pas du tout. Mais pour l’interprète, ça change tout.

Choisir d’utiliser le Fa double dièse revient en fait à vouloir augmenter le Fa# d’origine pour le rendre un peu plus aigu. En revanche, utiliser un Sol bécarre reviendrait à diminuer le son du Sol# par défaut.

En effet, si vous ramenez ça à l’échelle d’un morceau sans altération à la clé, ça revient à jouer un Do# à la place d’un Do, ou un Mib à la place d’un Mi, tout simplement. Et dans ces cas-là, on comprend tout à fait à quoi correspondent ces altérations.

Eh bien, les double dièses et les double bémols sont un peu les altérations accidentelles pour « morceaux compliqués », en quelque sorte. ?

D’ailleurs, la Fantaisie Impromptu de Chopin utilise très souvent des double-dièses, étant donné qu’on y retrouve 4# à la clé. Vous voyez, « seulement » 4#, et déjà des tas de double dièses… Je vous montre l’exemple le plus frappant qui apparaît dès la mesure 5 du morceau :

Extraits de la Fantaisie Impromptu de Chopin pour montrer les double dièses pour l'article "le double dièse"

Vous les voyez, ces petits double dièse sur les 5ème double-croches de chaque mesure, sur les Fa ?

Chopin, en tant que compositeur de l’époque Romantique, a toujours été fortiche pour créer des mélodies envoutantes. Et lorsque l’on analyse d’un peu plus près ces mélodies, on se rend compte qu’il faut adopter une vision « globale », et non une vision « note à note ».

En fait, le début de ces phrases musicales pourraient simplement être Sol#Do#Mi… plutôt que Sol# – La – Sol# – Fa## – Sol# – Do#Mi. Tourner autour du Sol# est donc une fioriture joliment menée mais n’est pas utile pour le fonctionnement global de la phrase.

Et cette fioriture qui a tendance à tourner autour des notes dans un sens ou dans l’autre (d’abord en montant puis en descendant ou l’inverse) par intervalles d’un demi-ton, on appelle ça un gruppetto, et son symbole, c’est ça :

Exemple d'un gruppetto pour l'article "l'appogiature en musique"

L’inconvénient avec ce symbole, c’est qu’il n’indique pas avec précision le rythme à employer pour jouer les 5 notes liées par le gruppetto. Enfin, si… Mais il est flexible.

Disons que, par défaut, il faut employer un rythme le plus homogène et réparti possible. Mais comme il s’agit d’une abréviation pour interpréter, on pourrait être libre de ne pas respecter ce rythme équilibré, et là, notre ami Chopin se retournerait dans sa tombe.

Alors, ici, ce dernier a décidé d’écrire la suite de notes sous forme de vraies notes avec un vrai rythme attribué à chacune d’entre elles, afin d’être sûr que chaque interprète se rapproche le plus possible de son intention initiale.

Je suis d’accord avec vous, c’est plutôt subtile comme analyse. Mais grosso modo, le rôle du double dièse dans ce cas-là est de participer à l’élaboration de ce « gruppetto assisté » en appuyant sur le fait que le Fa## doit être un prolongement d’un Fa#, un Fa# augmenté d’un demi-ton, en soit, et non un Sol bécarrisé. ?

Ok, je vous laisse méditer par vous-même là-dessus, vous finirez par comprendre davantage à force de vous entraîner et au fur et à mesure que vous croiserez ces double dièses et ces double bémols !

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5 Replies to “Double Dièse & Double Bémol”

  1. Gen dit :

    J’ai un peu de mal a voir l’utilité de parler de Fa## plutôt que de sol « bécarrisé ».

    Ma compréhension personnelle est qu’il est « simple » d’indiquer, dans ce cas précis, un Fa## plutôt que de modifier le sol en bécarre, pour ensuite devoir instantanément le rétablir en dièse afin qu’il retrouve l’altération a l’armure.

    C’est donc surtout une façon d’épurer un peu la partition en la rendant plus lisible, selon moi.
    Tu vois où je veux en venir ?

  2. Gen dit :

    J’ai un peu de mal a voir l’utilité de parler de Fa## plutôt que de sol « bécarrisé ».

    Ma compréhension personnelle est surtout qu’il est plus « simple » d’indiquer, dans ce cas précis, un Fa## plutôt que de modifier le sol en bécarre, pour ensuite devoir instantanément le rétablir en dièse afin qu’il retrouve l’altération a l’armure.

    C’est donc surtout une façon d’épurer un peu la partition en la rendant plus lisible, selon moi.
    Tu vois où je veux en venir ?

    • Antoine Bidet dit :

      Absolument, mais en réalité c’est comme je l’ai expliqué dans l’article, à savoir une note plus « aigue » (dans le cas du double-dièse) que la note faisant partie de la gamme initiale.
      D’autres exemples pourraient appuyer ce propos, et il serait difficile de le mentionner ici. Mais en soi, ce n’est pas si grave que ça. 🙂

  3. Lebon Anne dit :

    Bonjour,
    Je suis une personne de 80 ans qui s’intéresse toujours à la musique. Je n’ai pas eu dans mon enfance un apprentissage aussi complet que vous, c’est pourquoi je fais appel à internet pour compléter mes connaissances. Je ne vais bien sûr pas me lancer dans l’étude maintenant, c’est trop tard, je me fais plaisir en jouant du piano à ma « mesure ».
    Néanmoins, je tenais à faire ce commentaire pour vous féliciter pour la clarté de vos explications. Je vois sur la photo que vous êtes jeune. Beaucoup de talent. Bravo Bravo

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