La Substitution Tritonique

La Substitution Tritonique… Un nom peu barbare et qui fait peur. Qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ? Je vous explique tout juste ici ?

Par :

Solfège

Bienvenue dans cet article sur « La Substitution Tritonique ». Je dois dire que c’est l’un des sujets les plus complexes que j’ai eu à aborder sur le blog jusqu’à présent, alors j’ai hâte de vous démontrer qu’en réalité… Ce n’est pas si « complexe » que ça. ?

C’est vrai que « substitution tritonique », ça peut faire peur. Et il y a de quoi.

Qu’est-ce qui est substitué ? Et en quoi le triton a avoir là-dedans pour nous en faire voir de toutes les couleurs ?

Bon, pas de panique. Je vais tout vous expliquer dans cet article pour que ce soit le plus clair pour vous et pour que, à la fin, vous sachiez vous débrouiller seul avec votre guitare ou votre piano.

Allez, c’est parti :

I. LE PRINCIPE DE LA SUBSTITUTION TRITONIQUE

Comme son nom – barbare – l’indique, la Substitution Tritonique consiste en le fait de remplacer un accord par un autre… Et le tout à l’aide du fameux triton.

Oui. Par exemple, si vous prenez l’accord de Do Majeur « Do – Mi – Sol », vous allez pouvoir le remplacer par l’accord qui est séparé d’un triton (« tri-ton », séparé de 3 tons, donc) par rapport à sa note fondamentale, soit le Fa# Majeur. En effet, entre Do et Fa#, on a bien 6 demi-tons, soit 3 tons. On pourra donc jouer un accord de Fa# Majeur à la place d’un Do Majeur…

…Sur le papier. Mais en pratique, c’est un peu plus subtil que ça.

En fait, l’accord seul ne suffit pas. Pour que la substitution tritonique fasse tout son effet, il faut l’intégrer dans une suite d’accords spécifiques. Cette suite, je vous en parle dans le 2nd point qui arrive juste après.

D’ailleurs, si toutes ces notions vous paraissent un peu floues et que vous souhaitez enfin comprendre comment fonctionne la musique de A à Z et ainsi vous débarrasser de la vision du solfège comme étant la « bête noire » qui vous empêche d’avancer, je vous propose de télécharger dès maintenant mes livres : L’Essentiel de la Musique au Piano et à la Guitare (mais applicables à n’importe quel instrument) et L’Oreille « Absolue » Pour Tous.

Et grâce à ces livres, vous maîtriserez une bonne fois pour toutes toutes les bases théoriques, vous comprendrez par quels principes il est possible de développer son oreille et vous pourrez, vous aussi par la suite, retrouver n’importe quelle mélodie, n’importe quel accord à l’oreille.

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Mais avant, pour mieux ressentir l’effet de cette substitution, il vaut mieux parler d’accords enrichis (au minimum 7ème) que de simples accords parfaits (accords à 3 sons).

Du coup, si on regarde de plus près nos 2 accords Do7 et Fa#7, on remarque ceci :

Notes de l'accord de C7 pour l'article "Substitution Tritonique"
Accord de C7
Notes de l'accord de F#7 pour l'article "Substitution Tritonique"
Accord de F#7

… que ces 2 accords possèdent 2 notes communes : le Mi et le Sib.

Il s’agit de la 3ce Majeure et de la 7ème mineure pour l’accord de Do7 et de la 7ème mineure et 3ce Majeure pour l’accord de Fa#7… Tiens, quelle coïncidence ! 2 notes identiques qui ont le rôle inverse dans les 2 accords… Et en plus, 2 notes qui sont séparées par un triton (Mi – Sib est bien un triton)

Toutes les planètes sont alignées, et c’est pourquoi la substitution tritonique fonctionne si bien.

Bon mais, même si ça fonctionne à l’échelle d’un seul accord substitué, voyons maintenant dans quelle suite d’accords ça fonctionne encore mieux, et quelle utilisation on fait exactement de la substitution tritonique :

II. L’UTILISATION DE LA SUBSTITUTION TRITONIQUE

Ce procédé de substitution tritonique est habituellement utilisée dans le Jazz… Vous l’aurez bien deviné, puisque c’est souvent dans ce style que l’on se triture un peu plus les méninges pour aller rechercher des sonorités différentes.

Et en effet, avec la substitution tritonique, on est en plein dans le cœur de la recherche de nouvelles couleurs sonores.. Mais des couleurs en harmonie avec le reste du tableau. Et c’est ça qu’on aime. Surtout lorsque l’on ne fait pas les choses « comme ça », que l’on comprend tout ce que l’on fait, et que, grâce à ça, plus rien n’est monotone.

Eh bien, en Jazz, la suite d’accords la plus connue, c’est bien entendu le… II – V – I !

Si cela ne vous dit rien, je vous recommande d’écouter le très connu Autumn Leaves composé par Joseph Kosma en 1945 (écrit en français par Jacques Prévert sous le nom de « Feuilles Mortes ») et repris à de très nombreuses reprises par la suite.

Typiquement, si l’on considère ce morceau en Do Majeur, II – V – I nous donnera :

Am7 – D7 – G7 – C∆

En réalité, il s’agit ici plus de VI – II – V – I, mais le II – V – I est bien présent. Et le IIème degré n’est pas mineur parce qu’il est le V du V (petite notion d’harmonie au passage, c’est cadeau…).

À chaque fois, on remarque que la note fondamentale de chaque accord est séparée de la précédente d’une Quarte Juste, d’où le fameux mouvement harmonique répétitif qui articule ce standard.

P.S. : On pourrait continuer cette suite de la même façon en rajoutant :

Am7 – D7 – G7 – C∆ – F∆ – Bb7 – Eb7, etc.

Or, comme nous sommes en mineur mélodique, Fa# et Sol# font leur apparition à certains moments. On n’utilisera donc pas F∆, mais F#7 à la place, qui au final n’est pas dérangeant puisqu’il s’agit… du triton par rapport au C∆ précédent ! Après tout, on reste cohérent, et ce n’est pas choquant auditivement parlant.

Et ainsi, on retombe sur la gamme originelle avec les accords :

Am7 – D7 – G7 – C∆ – F#7 – B7 – Em7

3 accords séparés d’une Quarte Juste par leurs fondamentales dans un premier temps, puis un décalage d’un triton, puis les fondamentales de F#7, B7 et Em7 séparées encore d’une Quarte Juste, on est bon.

Bon, aparté fermé, si on se reconcentre sur notre première suite :

D7 – G7 – C∆

On va pouvoir remplacer le Vème degré par son accord substitué. En d’autres mots, on va chercher la note qui se trouve à une Quarte Augmentée du Sol, soit le Réb. On pourra donc jouer ceci :

D7 – Db7 – C∆

Et l’avantage d’avoir agi de la sorte, c’est d’avoir modifié le mouvement de la basse. De cette façon, on n’a plus une suite consécutive de Quartes Justes (D – G – C, etc.) mais une descente chromatique de la basse avec D – Db – C. Et en musique, quelque soit le style, on va toujours chercher à optimiser les suites d’accords en « s’économisant », en allant chercher les accords les plus « proches » pour avoir le moins de déplacements et d’efforts physiques à faire. Après tout, je vous ai déjà dit qu’un musicien se doit d’être fainéant. ?

Alors, « économie d’effort » et « fainéantise » sont des mots un peu fort, puisque réfléchir et mettre ce procédé de substitution tritonique en place nécessite quand même une sacrée réflexion, de l’entraînement et de la pratique répétée… Mais au final, lorsque vous le maîtrisez, vous allez pouvoir optimiser la suite d’accords pour éviter d’aller chercher à chaque fois les accords séparés de Quartes Justes en montant (ou de Quintes Justes en descendant, comme vous préférez), mais plutôt en cherchant l’accord se situant un demi-ton en-dessous, et ce grâce à la substitution tritonique.

? Pour savoir les reconnaître dans des morceaux, improvisations ou non, cherchez simplement une résolution sur le Ier degré dont l’accord précédent ne se situe qu’à un demi-ton au-dessus, et non plus à une Quarte Juste en-dessous (ou une Quinte Juste au-dessus).

Par exemple, dans notre cas, la résolution se fait sur le C∆, avec un Vème degré sur le G7 (une Quarte Juste en-dessous). Mais avec la substitution tritonique, on va pouvoir jouer un Db7 qui, lui, ne se situe qu’à un demi-ton au-dessus du C∆.

Maintenant, cette substitution tritonique ne fonctionne pas QUE sur le Vème degré, mais également avec d’autres degrés

III. SUBSTITUTIONS DANS LE V… MAIS PAS QUE !

Tout d’abord, attention à une chose : il ne faut pas substituer TOUS les accords. Je suis conscient que lorsque l’on découvre une nouvelle chose, qu’on la comprend et qu’on la maîtrise, on a envie de l’utiliser à tout bout de champ. Or, il faut savoir l’utiliser avec parcimonie pour que le morceau final ressemble quand même à quelque chose. Et c’est pourquoi vous devez savoir l’utiliser à certains endroits stratégiques que vous sentirez de plus en plus avec le temps, à force de vous entraîner, de répéter et de jouer avec d’autres musiciens, notamment avec des guitaristes, pianistes et bassistes.

Mais c’est vrai. Il est tout à fait possible de substituer « tritoniquement » d’autres degrés de la tonalité.

Par exemple, si l’on reprend Autumn Leaves, vous vous souvenez que les 4 degrés VI – II – V – I nous donnaient ceci :

Am7 – D7 – G7 – C∆

Eh bien, cette fois, au lieu de modifier le Vème degré, on va aller modifier le IInd et le Ier degré avec une substitution tritonique :

Le II (le D7) va donc devenir un Ab7 et le I (le C∆) va devenir un Gb7, notamment pour aller récupérer le F#7 qui se trouve juste derrière.

De cette façon, on va obtenir… :

Am7 – Ab7 – G7 – Gb7 (– F#7)

… et grâce à ça, une descente chromatique parfaite à la place d’une suite de Quartes.

Maintenant, vous avez besoin d’un démo visuelle et auditive pour mieux comprendre comment mettre toute cette théorie en pratique.

Et pour ça, voici une petite vidéo qui reprend les concepts et l’exemple de cet article et qui vous montre les différents types de substitutions que vous allez pouvoir utiliser sur ce morceau d’Autumn Leaves. Je pense d’ailleurs que grâce à ces 2 formats, vous allez beaucoup mieux comprendre comment fonctionne la substitution tritonique et que vous allez pouvoir l’intégrer à votre jeu beaucoup plus facilement :

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